Depuis que je pratique la photographie, je me suis toujours intéressé à la transcription décalée que la photographie pouvait donner de la réalité ; une de mes premières images était un manège tournant dans la nuit, en ralentissant la vitesse d’obturation le manège devenait un cercle de lumière… la photo témoignait d’une réalité différente.
Bien plus qu’un simple effet visuel cette image induisait pour moi que la perception que nous avons de la réalité n’est que partielle, ce manège se révélait tel que mes yeux le voyaient et pourtant dans ce présent là une autre représentation du manège était là, en même temps, simultanée.
Aujourd’hui ma recherche s’inscrit toujours dans cette problématique : témoigner de la possibilité d ‘une autre présence au monde…
Dans cette série je photographie un personage dans un environnement naturel et grâce à la vitesse d’obturation, tente de l’inscrire dans l’image mais en le faisant disparaitre.
L’homme est narcissique et est régit par un désir utilitariste de domination, de possession, et de ce fait entretien avec l’autour une relation hiérarchique verticale et totalitaire, il s’impose, se « sur » imprime au réel.
Ce rapport consumériste outrancier est destructeur et la nature en est la première victime.
Je tente symboliquement par l’image de trouver un autre lien, de renouer, de témoigner de notre indissociable appartenance à cet autour.
En apparaissant parmi ces arbres, ces rochers, sujets aussi, le personage disparait…
«L’être se dévoile en même temps qu’il se soustrait» disait Heidegger.
Maxime Carasso
