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Matthieu Raffard

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Instants suspendus, scénarios improbables, Matthieu Raffard raconte la douceur du présent au rythme de ses émotions, unies à la lumière naturelle, elles révèlent la délicate émergence du réel. Né en 1981 à Paris, Matthieu Raffard vit actuellement à New York. À la suite de ses études à l’Esag Penninghen à Paris, il part en Chine, en Ukraine et dans les Balkans réaliser de longue errance à la recherche d’images émouvantes. Progressivement, sa passion pour le corps, l’espace et la lumière, l’a naturellement amené à photographier les hommes et les femmes dont il se sentait le plus proche. C’est avec une certaine discrétion qu’il attend que l’autre lui donne l’image qu’il espère, sans le forcer ni le contraindre, en espérant seulement qu’émerge de la scène comme une évidence.

 Nourri de culture classique, il construit chacune de ses photographies avec lenteur et exigence, il apporte tout le soin nécessaire à la juste transmission de ses émotions.



D’où vient ta photographie ?
M. Raffard :
J’ai commencé à photographier avec un vieux reflex pendant les voyages que je faisais avec ma famille. J’adorais cette sensation de regarder à travers l’œilleton du viseur. C’était comme transformer le monde en cinéma. Ensuite, je me suis inscrit au club photo de mon lycée et j’ai photographié le quotidien de mes amis. Puis j’ai fait une école d’art et de nombreux voyages pendant mes études et c’est comme ça que je suis devenu photographe. Mais aujourd’hui ce qui me semble le plus fondamental, c’est le goût que j’ai pour le regard. J’adore regarder les autres vivre. Je pourrais passer ma vie à regarder les choses et les êtres se mouvoir devant moi.

Quand a lieu l’instant décisif pour toi ?
M. R :
L’instant décisif a eu lieu à New York dans les rues de Brooklyn. J’habitais là-bas il y a quatre ans et j’ai senti tout d’un coup que je commençais à regarder différemment des autres. C’est arrivé comme un déclic et depuis ce jour je continue à utiliser la manière de voir que j’ai découverte là bas.

Qu’est-ce qui a inspiré ton travail/ ta série ?
M. R :
J’ai beaucoup regardé pendant mes études les photographes allemands de l’école de Düsseldorf. J’aimais aussi beaucoup les photographes américains et leur manière de raconter le paysage. Je crois que ma photographie vient de ces deux sources. Pour le reste, c’est surtout la peinture qui m’intéresse. J’adore les petits paysages à l’huile de Corot et les scènes de plage d’Eugène Boudin.

Quel lien y a-t-il entre ton travail commercial et ton travail artistique ?
M. R : Le travail de commande et le travail d’auteur sont pour moi des activités entremêlées. Je ne fais pas vraiment de différence entre l’un et l’autre. Ce qui compte pour moi c’est que le miracle photographique ait lieu. Dans le travail de commande, je cherche à laisser de la place pour que la voix du directeur artistique puisse se faire entendre dans l’image, tandis que dans le travail d’auteur il faut que je laisse de la place à ma propre voix. Enfin de compte, pour moi le travail d’auteur c’est du travail de commande dont je suis le commanditaire.

Une priorité : une grande campagne de publicité ou exposer en galerie ?
M. R : La finalité de mon travail ça a toujours été l’exposition et la galerie. La commande est là pour me permettre de continuer à travailler sur mes projets personnels.

Quelles sont les tendances photographiques actuelles selon toi ?
M. R : J’ai l’impression qu’il y a un retour à la photographie sur le vif, à l’instant décisif. Après avoir été un peu écarté, la photographie humaniste française à la Henri Cartier-Bresson est à mon avis en train de revenir. Sinon du côté des photographes plasticiens, il y a pas mal de choses qui se passent autour de photographes comme Roe Ethridge ou bien encore Viviane Sassen.

L’expérience du monde a incroyablement changé, sa représentation a évolué ; le numérique devient-il indispensable dans le processus de création photographique ?
M. R :
Le numérique ne sera jamais indispensable, c’est un médium comme un autre, c’est une des nombreuses formes que peut prendre la photographie aujourd’hui. Comme tous les médiums, la photographie numérique peut donner le meilleur comme le pire. Je pense qu’un bon photographe doit rester assez distant des questions techniques et concentrer ces forces sur la question du regard.

Autre chose à dire ? La réponse à une question que je n’ai pas posée ?
M. R :
Voir mon dernier livre, Daily Fiction, dans lequel Albéric d’Hardivilliers, un écrivain incroyablement talentueux, invente un hors-champ imaginaire à certaines de mes images. Un lien vers le blog: http://daily-fiction.blogs.liberation.fr

Propos recueillis par Séverine Morel 

REPRESENTATION
Cendrine Gabaret – www.cendrinegabaret.com

LIVRE
Daily Fiction

ISBN : 978-2-36224-033-1
Auteur : Matthieu RAFFARD et Albéric d’HARDIVILLIERS
Genre : Littérature et photographie, Beau livre.
17×23 cm / 192 pages / parution : 04 octobre 2012

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