Dans des montagnes ou des forêts aux riches enchevêtrements de branches, Marco cherche ses paysages, s’arrêtant rarement sur des lieux attrayants ou une nature luxuriante pour le simple plaisir des yeux.
Dans sa lente et constante recherche, la magnificence de la nature n’est pour le photographe qu’un prétexte pour mieux s’exprimer.
L’inquiétude que ces nuages obscurs reflètent n’est autre que l’expression d’une sensation de vacuité face à l’existence. Un sentiment d’impuissance qui ne s’apaise que par la beauté de ce qui semble éternel, épargné par le passage inexorable du temps, sous la forme de quelque chose de sacré et d’incontournable.
Dans “She is landscape” cependant, comme en témoigne le titre, au sein de cette vision artistique s’invite également la figure, le corps féminin, lui aussi nature et créateur de vie.
Née d’abord comme un ensemble, l’œuvre se sépare progressivement en deux représentations distinctes. Dans un premier temps le corps se confond avec son environnement, en prend la forme par mimétisme, tantôt dans les aspérités de la roche tantôt dans l’écume de la mer ou comme un arbre parmi les branches.
C’est ainsi que la prédisposition de l’artiste à utiliser la forme et la beauté de façon abstraite et symbolique est à nouveau mise en lumière.
Chaque lieu pourrait se trouver n’importe où et chaque corps ne saurait se réduire à aucun corps en particulier.
Ce n’est que dans un deuxième temps de l’œuvre que la figure prend le dessus sur le symbole et émerge de la nature devenue à présent simple décor.
C’est alors que dans le visage, exigeant à la fois caractère et personnalité propres, l’on assiste à une double métamorphose: celle de l’œuvre qui, d’objet symbolique, loin des activités humaines, devient lentement narratrice de ces dernières, et celle du photographe qui dépasse son propre isolement existentiel jusqu’à se confronter et à se refléter dans celle qui se tient devant lui.
Frediana Chelini
