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« L’œil invisible » succombe au frisson de la quête

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« Faire une collection est un vice étrange, qui change votre vie – toute votre façon de voir le monde.” – Samuel J. Wagstaff Jr., 1978

Sam Wagstaff était l’amateur suprême. Il faisait les choses pour le plaisir, pas pour le travail.

A l’entrée de l’exposition « Le frisson de la quête : la collection de photos de Wagstaff » au J. Paul Getty Museum, le visiteur ressent la même excitation qu’un enfant en haut des escaliers le matin de Noël. Il anticipe un tas de plaisirs à venir, mais aussi des surprises, et une profusion de joie.

Le commissaire de l’exposition, Paul Martineau, a fait du très bon travail, comme pour l’exposition de plus grande ampleur, « Robert Mapplethorpe : le Médium Parfait », qui constitue un complément idéal à celle de la collection Wagstaff (les deux se terminent le 31 juillet). Martineau offre une étude historique via la sensibilité unique et remarquable de Wagstaff. Beaucoup d’œuvres exposées peuvent sembler familières puisqu’on les retrouve dans l’album de Wagstaff « A Book of Photographs », toutefois publié il y a plus de 25 ans. Rien à voir avec les modèles Szarkowski ou Newhall. Nous avons affaire ici à la vision d’un homme possédé et obsédé.

On retrouve les beautés françaises du 19ème siècle : les photos de LeGray et Nadar ; l’Ouest Américain : A.C. Vroman et William Henry Jackson ; mais aussi quelques choix plus personnels, comme Gerald Incandela. Les plus singuliers s’avèrent être deux tirages de presse de boxeurs. Il aurait été audacieux d’intégrer des œuvres encore plus obscures venues des profondeurs de la collection Wagstaff, d’artistes comme Kazumasa Ogawan, dont Getty détient 834 photos, ou les spécialistes de la stéréoscopie tels que Benjamin West Kilburn (363), Dr. W.R. Groves (115) et John B Heywood (98). Reste à voir si ces pièces seront un jour exposées.

Quoi qu’il en soit, l’installation et le catalogue en disent long et ravissent. Martineau offre un essai complet ainsi qu’un aperçu des vies publique et privée de Wagstaff, qui menait la marche dans le monde des collectionneurs de photo des années 1970.
On retient deux formidables citations. « La joie peut prendre divers aspects en photo – la joie de la tristesse, de la perte, du grotesque, et même de la mort », qui renvoie spécifiquement à des œuvres plus sombres.

Et celle-ci : « Les photos ne sont intéressantes que si elles vous font quelque chose. Certaines images vous frappent immédiatement, mais elles perdent ensuite leur pouvoir. C’est vrai de la plupart des photos d’actualités. D’autres images vous laissent vous attarder, revenir à l’infini vers un lieu de votre esprit particulièrement sexy, dans le meilleur sens du terme – émotionnel, intellectuel et sensuel. »
L’essai d’Eugenia Parry, « Penitent », est un rapport de première main sur son expérience et son amitié avec Wagstaff. Elle cite le psychologue James Hillman : « L’âme perçoit par les voies de l’affliction », éthique qui reflète assez étrangement son propre et vibrant désir d’essayer d’analyser Wagstaff. Elle aurait sans doute aimé cet autre propos d’Hillman : « C’est en regardant dans le miroir de sa vie que l’on trouve son propre génie… », ajouté à : « Il est devenu crucial de voir avec générosité. »
Wagstaff et The Getty – qui a acquis cette collection il y a plus de trente ans et en expose aujourd’hui certains éléments d’importance –, ont offert au monde de la photographie un cadeau précieux et palpitant.

EXPOSITION
The Thrill of the Chase: La collection Wagstaff
Du 15 mars au 31 juillet 2016
J. Paul Getty Museum
1200 Getty Center Drive
Los Angeles, CA 90049-1687
Etats-Unis
[email protected]
http://www.getty.edu/museum/

CONVERSATION
Avec Sam Saw
Le mardi 17 mai à 19h
Getty Center: Museum Lecture Hall

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