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L’Œil Argentique : Jacques Revon : Des essais d’un fixage alternatif écologique dans du jus d’oignon et de ciboulette

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Dans la continuité de mes recherches, voici d’abord un essai de fixage alternatif réalisé le 14 octobre dernier.

Je m’étais dit qu’un jour j’essaierai de rechercher une chaine photographique alternative argentique et écologique complète. Je pense que le soir du 14 octobre 2024, la mission que je m’étais fixée était en partie quelque peu accomplie.

Premier essai.

Tirages « contact » de deux plan-films 13×18 pris par mon père dans son studio à Roanne en 1953 . ( photo 1 et 4 )

J’ai effectué ces essais de fixages des tirages sur papier Ilfospeed et sur papier baryté; les tirages ont été développés dans un révélateur alternatif confectionné avec une herbes aromatique à la sauge, auquel j’ai pris le soin d’ajouter quelques clous de girofle très riches eux aussi en polyphénols.

Ce révélateur alternatif à la sauge a été utilisé à 27 degrés, le développement a ensuite été stoppé dans un bain d’arrêt confectionné avec du vinaigre blanc à 14°, enfin l’opération de fixage s’est donc effectuée dans un fixateur alternatif confectionné avec un kilo d’oignons jaunes des Cévennes, (alliacés) dont l’un des composants est le thiosulfate!. J’ai pu extraire 900 cc de jus liquide auquel j’ai rajouté 100 cc d’eau. (photo 5)

Mais je suis tout de même qu’à moitié satisfait de mes recherches; en effet, les tirages obtenus se sont assombris au bout de 24 heures, ils ont pris une coloration brunâtre légèrement violacée ( photo 2 ) . Une sorte de virage naturel.

Après ce premier essai, il me fallait donc en déduire qu’il restait encore, dans ce type de fixateur, des halogénures d’argent qui n’avaient pas été totalement développés et que le fixage n’était pas complet. Ce fixateur au « jus d’oignon » aurait dû dans mon souhait, rendre le bromure d’argent excédentaire soluble, afin que la couche d’émulsion argentique ne soit plus photosensible. J’en ai conclu que la teneur en thiosulfate de sodium substance essentielle pour le fixage contenue dans ce jus d’oignons, n’était donc pas suffisante.Au bout de quelques heures les tirages se sont effectivement et malheureusement assombris de manière importante.

Deux semaines plus tard, un nouvel essai.

J’ai recommencé des essais et j’ai décidé cette fois, de fixer mes tirages dans un jus d’oignons obtenu de la même manière mais cette fois avec 1kg 600 d’oignons blancs sans rajouter d’eau, auxquels j’ai rajouté 40 grammes de ciboulette. Comme l’oignon et l’ail, la ciboulette fait partie de la famille des alliacés. J’ai pressé dans un torchon la purée mélangée d’oignons blancs et de ciboulette, afin d’obtenir un jus parfaitement liquide puis j’ai ensuite filtré . ( photo 5 et 6 )

Les résultats se sont avérés assez intéressants car les tirages ne se sont pas assombris (photo) comme constatés lors du premier essai, qui plus est, plusieurs jours après, il n’y a pas visiblement pour l’instant de modification. (photos 7, 8, 9, 10,11 )

A ce stade de mes expériences, j’ai souhaité aussi savoir si il était possible qu’un type d’oignon blanc, soit plus riche qu’un autre en teneur de thiosulfate. Après avoir sollicité différents organismes spécialisés de renom, liés au domaine de l’alimentaire et susceptibles de pouvoir me renseigner, j’ai noté malheureusement qu’aucun d’entre eux n’ont pu à ce jour me répondre sur la teneur de ce composant, agent fixateur contenu dans l’oignon. Des recherches précises ne seraient pas quantifiées ni diffusées dans ce domaine. Dommage. Le thiosulfate de sodium ou d’ammonium est comme tous les photographes le savent depuis longtemps, la substance nécessaire pour le fixage d’une émulsion argentique, film ou papier…

Si cela s’avère possible, Il faudrait donc poursuivre des recherches en matière de fixateur alternatif. La conservation de mes essais sur papier est une étape à suivre dans le temps et, je ne prétends pas à cette étape transmettre pour l’instant une méthode suffisamment précise, ni une solution pérenne. Tout cela demeure pour l’instant au stade de l’expérimental. 

Poursuite de mes essais pour l’utilisation d’un révélateur alternatif destiné aux papiers.

Dans cette approche, j’ai souhaité poursuivre mes recherches en matière de révélateur alternatif destiné aux développement des papiers barytés, en particulier en améliorant déjà l’utilisation d’un révélateur confectionné avec une herbe aromatique: la sauge (voir mes essais précédemment publiés par L’Oeil de la Photographie.

https://loeildelaphotographie.com/fr/loeil-argentique-jacques-revon-tirages-sur-papier-au-gelatino-bromure-dans-des-revelateurs-alternatifs-au-cafe-au-vin-et-a-la-sauge/
Et
https://loeildelaphotographie.com/fr/loeil-argentique-jacques-revon-le-revelateur-alternatif-ecologique-confectionne-avec-une-herbe-aromatique-de-jardin-la-sauge/

En effet, par rapport au développement d’une pellicule ou d’un film, il est conseillé pour le développement d’un papier, d’augmenter la quantité de sauge séchée lors de la décoction, 30 à 35 grammes pour deux litres d’eau et dans ce cas, de développer en cuvette à des hautes températures, ce qui n’est pas habituel: entre 30° et 33° avec un bain-marie à ces températures, en ajoutant également directement dans la cuvette de développement, 2,5 grammes de vitamine C au moment de commencer à développer une petite série de tirages.

A ce sujet je me dois de faire une correction: dès le début de mes essais, j’ai pesé un comprimé effervescent de vitamine C, il faisait 2 grammes mais en réalité, en raison des excipients présents, le principe actif n’était, lui, que de 500 milligrammes. Il faudrait donc en tenir compte sur mes précédentes publications.

Dans ces différentes expériences, Il est à noter que tous mes essais sont réalisés par contact avec des plan-films 13×18, à l’aide d’une petite tireuse contact munie d’une petite ampoule opaline de 7,5 watts pour éviter à l’intérieur, une concentration de chaleur. (photo 3)

Le temps d’exposition du papier nécessaire est disons-le ici aussi assez long, entre 4 et 6 minutes et le temps de développement dans la cuvette se situe entre 6 et 7 minutes mais sans voile de fond.

Pour également tester la résistance à l’oxydation de ce révélateur à la sauge, je l’ai conservé durant 6 jours, puis j’ai de nouveau développé des tirages en ajoutant cette fois 500 mg de vitamine C (effervescente aromatisée à l’orange d’où le ton rouge-orangé des tirages) afin de réactiver le développement et ainsi de compenser le temps de conservation. Dans cet essai, le produit fixateur que j’ai utilisé est cependant classique: du fixateur Hypam au dosage préconisé par son fabricant, 1+9. (photos 12, 13, 14, 15, 16, 17)

A suivre…

Jacques Revon
Journaliste honoraire, auteur, photographe.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Revon

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