Installée dans un ancien domaine viticole du Médoc, la galerie Arrêt sur l’image accueille depuis 2004 les lauréats du prix HSBC tous les deux ans. Après Paris et Mougins, les images de Marta Zgierska et Christian Vium, primés en 2016, poursuivent donc leur itinérance à Bordeaux où ils sont exposés jusqu’au 8 octobre. Entretien avec Nathalie Lamire Fabre, qui a ouvert la galerie Arrêt sur l’image en 1993.
Comment définiriez-vous la programmation d’Arrêt sur l’image ?
Depuis plus de vingt ans, la galerie explore la photographie contemporaine dans toute sa diversité. Nous avons d’abord ouvert un espace de 20 m² avec Pierre Boulat. Ensuite, nous avons présenté les portraits d’Alice Spring. Comme à l’époque se cantonner à la photographie était très audacieux parce que le marché n’en était qu’à ses prémices, nous avons un temps élargi la programmation à la création contemporaine en l’axant sur des œuvres papier : collages, estampes et lithographies. Nous avons ainsi exposé des artistes comme Richard Serra ou encore Anton Tapiès. Mais, depuis huit ans environ, 90 à 95 % de nos expositions sont dédiées à des photographes. Nous alternons entre des photographes que l’on pourrait qualifier d’humanistes comme René Burri, Marc Riboud ou Bernard Plossu avec des auteurs moins confirmés.
Le Prix HSBC et la galerie, c’est une longue histoire qui dure depuis 2004…
Comme pour nombre d’artistes que j’ai exposé, tout commence par une rencontre. La philosophie de ce prix, qui est de promouvoir de jeunes talents, est en parfaite cohérence avec ma conception de la photographie. Cela me permet de suivre l’évolution de la photographie contemporaine. Parfois, l’aventure se poursuit, comme Patrick Taberna, exposé en 2004 dans le cadre du prix et qui est aujourd’hui un artiste que nous présentons régulièrement.
Pénétrons un peu dans les coulisses des expositions… Comment collaborez-vous avec les artistes pour les accrochages ?
Tout commence par la réception des œuvres. Cela me permet de cerner l’univers des lauréats. Certains adoptent un principe que nous reproduisons en l’adaptant à l’espace de la galerie, bien sûr. C’est le cas de Christian Vium cette année, dont l’œuvre est montrée sous la forme d’une installation mêlant papier peint et superpositions d’images. Pour Marta, dont l’œuvre est plus classique, j’ai pu en proposer ma propre vision.
Comment le public a-t-il accueilli ces deux auteurs ?
La galerie a ses habitués qui s’attendent à être surpris. Cela fait partie de l’identité de la galerie. On vient aussi ici pour découvrir des jeunes talents. Depuis cinq ans environ, nous accueillons de nouveaux visiteurs, qui ne sont pas forcément bordelais. C’est une clientèle âgée de 40 à 50 ans qui sait aussi apprécier la nouveauté et aime bien être un peu « bousculée ».
Entretien réalisé par Sophie Bernard
Exposition
Galerie Arrêt sur l’image
Jusqu’au 8 octobre
45 cours du Médoc
33300 Bordeaux
www.arretsurlimage.com
05 35 40 11 05 – 06 80 47 89 13
Livres
Christian Vium, Villes nomades, textes de Diane Dufour et Armelle Choplin, éditions Actes Sud, 20 euros
Marta Zgierska, Post, texte de Christian Caujolle, 104 pages, éditions Actes Sud, 20 euros