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Les jeux de Raphaël Rémiatte

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« Et si on jouait au peintre et son modèle… »

Mode d’emploi :

Au bain-marie faire fondre 600g de beurre et 1200g de chocolat. 
Séparer le blanc des jaunes de 20 œufs. 
Incorporer les jaunes au beurre et au chocolat fondu. Ajouter lentement 800g de farine et un sachet de levure. 
Incorporer les 20 blancs montés en neige. 
Beurrer, fariner les moules puis verser la préparation. 
Saupoudrer au choix d’amande effilée, de cerneaux de noix, 
Ou de raisins marinés dans du rhum. 
Laisser cuire 20 minutes puis mettre à refroidir. 
Découper en 8 parts chacun des 10 gâteaux puis emballer soigneusement.
Traverser alors la Place des Fêtes, descendre vers la Mouzaïa, Passer le Rhin Danube, suivre l’Alsace Lorraine direction Porte de Pantin. Laisser la Fontaine aux Lions sur sa gauche puis fouler la pelouse du Triangle. Bienvenue au Festival du Cinéma en plein Air, ces transats, son écran gonflable, grand comme une façade d’immeuble qui, la nuit tombée, entre en érection…


C’est l’été 1999, les gens pique-niquent, les bouteilles de vins s’ouvrent à tout va…Les plats se découvrent, s’échangent, les bouchons de champagne claquent au son : « Des Joyeux anniversaires » repris volontiers par la foule allongée…
Alors, délicatement, sortir d’un grand sac, les gâteaux prédécoupés…Se mettre à déambuler en enjambant cette forêt de corps qui en arrivent au dessert…Et tel un vendeur de journaux à la criée : « Gâteaux au chocolat, brownies aux noix, aux amandes, aux raisins marinés dans du rhum, demandez les gâteaux au chocolat ! »
Loin, de me douter alors, qu’en ce soir du 1er août, se trouvait, dissimulé parmi ces milliers de cinéphiles sur herbe, celui sans qui, ce travail photographique n’aurait jamais vu le jour ! Mais les dés étaient déjà lancés… Il ne me reste plus qu’à m’approcher de l’endroit où il se tient, lui, son neveu et quelques amis… Les voilà, ils sont là et comme tant d’autres, ils n’ont pas emporté de dessert… « Des gâteaux ? Mais oui il m’en reste… Combien en voulez-vous ? »
Puis, je repars avec ma ritournelle : « Gâteaux au chocolat, demandez mes gâteaux au chocolat ! » sans savoir que je viens de croiser André Beaurepaire, qui, dès 1945, alors âgé de 20 ans, débutait par un grand décor pour le Théâtre de la Mode, une prestigieuse carrière d’artiste auprès de Christian Bérard, de Jean Cocteau, de Roland Petit et de tant d’autres…

Néanmoins, rendez-vous était pris pour aller livrer chez lui, rue Saint Honoré, deux de ces « fameux gâteaux » à l’occasion de ses 75 bougies soufflées le 4 août prochain. C’est avec une bouteille de vin de Champagne que je fus accueilli par ce personnage hors du commun, dans un lieu qui ne l’était pas moins : un joyeux bric à brac qui allait vite devenir aussi le mien, dès l’automne 99…
10 ans plus tard, après avoir bien mangé, bien bu, bien ri, écouté beaucoup de bon jazz, photographié le travail de l’artiste et la vie qui passe… Je me souviens lui avoir dit un jour, au début de l’été 2009, tandis qu’il était à son chevalet comme chaque jour : « Et si on jouait au peintre et son modèle… » Bien que de 41 ans mon aîné, il n’a pas hésité une seule seconde ! Il a cette chance ou cette intelligence d’avoir su garder intacte sa part de rêve et d’enfance…

Six mois plus tard, Bernard Faucon, un ami de longue date de Beaurepaire, fut le premier à poser son regard sur ce travail. Sa réaction enthousiaste durant la projection me surpris vraiment et nous fit chaud au cœur. Il nous dit combien il apprécia l’amusement et la liberté avec lesquels André et moi avions traversé cette première aventure ludique…

De temps à autres, quand je réalise la chance que j’ai de connaître André Beaurepaire, je jette un œil par dessus mon épaule et je suis toujours stupéfait par les jeux du hasard que nous réserve la vie… Et par la puissance de ce simple mot magique dont parle Stanislavski dans son livre La formation de l’Acteur : « Si » tel un sésame ouvre-toi !

Si je n’avais pas décidé, un jour, pour payer mes cours de théâtre chez Claude Mathieu, d’aller vendre ces gâteaux au chocolat sur les pelouses de la Villette, jamais je n’aurais rencontré André Beaurepaire… Jamais, je n’aurais pu dire : « Et si on jouait au peintre et son modèle… » Et il n’y aurait tout simplement pas d’exposition…

Et quand bien même, la vie m’aurait-elle permis de rencontrer d’autres peintres, il n’y a qu’avec lui que cette aventure fut possible… Comme l’écrit Montaigne dans son essai De l’amitié : “ Parce c’était lui, parce c’était moi.” Sans André Beaurepaire, je le répète, il n’y aurait pas d’exposition…

Raphaël Rémiatte

Acteur, Conteur, Lecteur, Raphaël Rémiatte a d’abord été Marin pompier, puis, diplômé de l’École de Paris des Métiers de la Table, ce qui développe chez lui l’amour du travail bien fait tel que l’exige la cuisine gastronomique…

Puis l’amour toujours ! Celui des livres, qui l’amène à l’Institut National de Formation de la Librairie et à travailler à feu la Librairie Weil située derrière le lycée Condorcet, à deux pas du Bd Haussmann et notamment fréquentée en son temps par Marcel Proust…

Une page se ferme, une autre s’ouvre : celle de l’École Claude Mathieu où pendant plus de 3 ans il se forme aux Arts et Techniques de l’Acteur. Il y travaille les auteurs contemporains, classiques : Racine, Molière, Corneille. Il s’exerce à la lecture à voix haute, expérimente l’Art du Clown et de l’Improvisation…

En 1996, il suit un atelier lecture animé par le conteur Richard Abécéra. Rencontre essentielle s’il en est, puisqu’elle l’amène tranquillement sur les Chemins du Conte qu’il pratique toujours… Il poursuit alors sa formation sous la direction de Muriel Bloch, Pépito Matéo, Rufus…

Depuis 1999, il se tient aux côtés d’André Beaurepaire. Garçon d’atelier à l’occasion, il photographie, filme le travail en train de se faire, suit l’artiste à la ville comme au champs et depuis 2009, entreprend avec lui un travail photographique et vidéo autour du “ Peintre et son modèle ” notamment ! Un prétexte de plus pour agrémenter le quotidien et pour improviser librement, en toute fantaisie…

Et si on jouait au peintre et son modèle…
Jusqu’au 25 février 2012

Agathe Gaillard
3 Rue Pont Louis Philippe
75004 Paris
01 42 77 38 24

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