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L’amer amour de Letizia Battaglia pour Palerme

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L’Institut Moreira Salles, après avoir inauguré l’exposition dans son antenne de Rio de Janeiro en fin d’année dernière, montre jusqu’au mois de Septembre Palermo de l’italienne Letizia Battagli dans ses locaux de São Paulo.

Letizia Battaglia a commencé à photographier tard, à presque 40 ans, alors que la société attendait plutôt d’elle à ce moment-là qu’elle soit « une bonne mère et une bonne épouse ». A partir de là, elle n’a pas arrêté de saisir des images de sa ville, Palerme, en noir et blanc et des années durant. Bravant les milieux très masculins et parfois violents qui lui étaient parfois refuses d’accès car elle était une femme, elle a principalement photographié dans les années 70 et 80, alors que la capitale de la Sicile était alors dominée par les mafias, et ses rues minées par la pauvreté.

« Palerme a trop souffert » déclare-t-elle dans le documentaire de Francesco G. Raganato qui lui est dédié en 2012. Et si c’est cette souffrance qu’elle met en scène dans ses photographies, à travers la dure vie des rues, les révoltes et luttes sociales qui animent la ville, et même à travers des images de morts (souvent déclenchée par les violences des gangs mafieux), ses images sont paradoxalement extrêmement vivantes. Elles dégagent une énergie fébrile, dépeignant Palerme d’une manière presque cinématographique — tant elles semblent toutes proches de se voir prolongées par du mouvement et du son.

Parce que Letizia Battaglia a « toujours ressenti une relation de colère, de colère et de doux désespoir » envers Palerme, elle n’a pas cessé de la photographier, mais elle s’est également investie au-delà de sa photographie — au caractère déjà extrêmement engagé. Après avoir agi pour sa ville tant politiquement (en participant aux luttes anti mafia, lors du Printemps de Palerme, ou en travaillant comme députée), qu’au niveau patrimonial (en luttant pour la préservation du centre historique de la ville), la photographe s’engage aujourd’hui également sur le plan social et culturel pour Palerme, où elle a ainsi récemment ouvert un centre dédié à la photographie où sont menées des actions visant à l’enseignement et à la diffusion du medium.

Son attachement à Palerme et à ses luttes, elle l’expliquera par la relation « d’amer amour » qu’elle entretient avec la ville. C’est probablement cet amour teinté d’amertume qui l’aura poussée à se jeter dans le plus rude et le plus dur de la capitale sicilienne et à le traduire de manière si humaine et expressive.

Elsa Leydier

 

Palermo, Letizia Battaglia

Du 27 avril au 22 de septembre 2019

Instituto Moreira Salles

Galerie 2

Avenida Paulista, 2424

São Paulo/SP

Brésil

https://ims.com.br/

 

 

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