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La Chronique Livre : Sakiko Nomura : Room 416

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Dans son dernier livre Room 416, publié chez Écho 119, la photographe japonaise Sakiko Nomura joue avec le triptyque pour imaginer une fiction sensuelle et feutrée à partir de ses Polaroïds.

Sakiko Nomura a appris la photographie auprès de Nobuyoshi Araki dont elle fut l’unique apprentie avant de travailler à ses côtés pendant plus de vingt ans. Une parenté semble se dessiner dans leur fascination commune pour le nu. Mais la photographe s’est approprié le genre à sa manière, y apportant une certaine délicatesse et regardant plutôt le corps masculin, sujet moins répandu dans la photographie, qui plus est japonaise.

Le Polaroïd est au cœur de sa pratique. Elle l’utilise comme une esquisse à ses prises de vue ou pour capturer l’évanescence d’un moment : un bouquet tout juste fané, le mouvement de la ville, une étreinte, ou un corps nu, magnifié par un rayon de lumière. Désireuse d’exploiter ce large corpus, la photographe a commencé à assembler ces instantanés par trois pour faire naître des histoires.

Elles se découvrent après avoir déplié la couverture du livre comme on ouvrirait une boîte. Tout en nous dévoilant les triptyques, les pages de Room 416 invitent les lecteurs à créer leur propre narration : le système de pliage à partir duquel le livre est construit permet d’associer à sa guise ces images — ni datées, ni légendées, pour plus de liberté.

Le format du livre, qui épouse la taille réduite des Polaroïds, et le geste qu’il induit créent une forme d’intimité entre le photographe et son lecteur. Sakiko Nomura nous fait prendre part à son univers si particulier, dans lequel vie et mort dialoguent subtilement avec les choses du quotidien. Son œil ne fait pas de différence entre une silhouette languissante, un sakura ou un accident de la route. Ils ne sont que matière à sa poésie, attendant d’être transfigurés par ses couleurs ouatées et la douceur de ses flous. L’atmosphère de ses images n’est pas sans rappeler celle des chambres d’hôtel, lieux phares de son processus créatif.

Comme Nobuyoshi Araki, Sakiko Nomura est une créatrice prolifique, particulièrement lorsqu’il s’agit du livre. En trente ans, la photographe en a publié plus de vingt. Le livre-objet intimiste qu’est Room 416 incarne au plus près sa vision de la photographie et de l’édition : « En photographiant, je crée des secrets avec mes modèles. Avec un livre photographique, j’ai cette même sensation de secret partagé avec les lecteur.rices. C’est pour ça, je crois, que le livre est si important pour moi : pour raconter, transmettre ma photographie. »

 

SAKIKO NOMURA —ROOM 416
Édité par Galerie Écho 119
14 x 15.5 cm, 37 pages
Imprimé par Die Keure
Édition limitée de 500 exemplaires numérotés
Disponible dans toutes les bonnes librairies et en ligne

 

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