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Julien Mignot & Camille Rousseau, Les Invisibles

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Le projet des Invisibles est la rencontre de deux écritures.
L’une est photographique, l’autre dessinée. A l’origine de ce lien entre l’image et le dessin ? La volonté d’illustrer certaines photographies de Julien Mignot, prises sur la Croisette, des portraits noir et blanc de personnalités saisies dans leur intimité profonde quoique vêtus. Camille Rousseau leur offre par son coup de crayon, une réponse formelle tissée de sujets figuratifs. Des paysages dans un premier temps. Et puis plus tard, des motifs qui vireront vers l’abstraction.

La méthode est itérative, Camille se munit de papier carbone qu’elle place sur son carnet de croquis. Puis elle dessine, à l’aveugle. Sur ce papier noir qui recouvre la surface. Et c’est du noir que jaillit la lumière, de ces traits blancs qui semblent entourer d’un halo bienveillant les visages et les envelopper d’un sens sacré. Un peu à la façon dont les saints byzantins portent au-dessus de leurs têtes des couronnes. Alors le portrait devient icône (en grec image).

La série s’étoffe. Elle évolue peu à peu vers l’abstraction, pour laisser émerger l’aura des personnes portraiturées. Et révéler par le dessin leur flux de conscience. Un peu de leur âme. Avec une liberté de représentation du visage perçu comme vaste terrain de projection. C’est bien l’essence d’un portrait, non ? Il est ici double. D’abord le regard du photographe, ensuite ce que la dessinatrice y perçoit et y projette. Golshifteh Farahani a l’air de regarder par la fenêtre, la pensée jetée dans le vague. C’est ainsi que Julien l’a saisie. Par le dessin, Camille semble faire intervenir un oiseau au-dessus de son épaule. Fantasme, imagination, le dessin est un prolongement de la photographie vers une terre moins réaliste. Il est la manifestation de ce qu’un portrait charrie de trouble, d’inconnu, d’immatériel.

Après le cinéma, leur nouvelle série prend cette fois-ci pour assise la musique avec 15 portraits inédits parmi lesquels ceux de Murat, Etienne Daho, Patti Smith, Lana del Rey, John Cale, Izia…
Le processus de création est identique, mais enrichi cette-fois d’une nouvelle pratique. C’est à l’écoute de morceaux de ces musiciens que le dessin progresse et court sur la feuille. « Le compositeur, c’est d’abord un calligraphe » disait Igor Stravinsky. Alors, un peu à la manière des calligraphies musicales de Claude Melin, Camille Rousseau laisse son geste réagir au rythme du morceau et compose, ainsi, la partition invisible des portraits de Julien Mignot, les dotant d’une parole sourde mais vivante.

Léa Chauvel-Lévy

Julien Mignot & Camille Rousseau, Les Invisibles
Jusqu’au 16 février 2017
Superette Film Production Gallery
104 rue du faubourg Poissoniere
75010 Paris
France

www.superette.tv

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