Rechercher un article

Jean-Yves Lemoigne

Preview

Séverine Morel : D’où vous viennent vos photoloops ?
Jean-Yves Lemoigne : Comme tout le monde j’ai découvert les Gif il y a une bonne dizaine d’années mais à l’époque c’était plus du graphisme animé. Puis des cinemagraphs sont apparus il y a quatre ou cinq ans, c’est une image dans laquelle un élément est animé et tout le reste de l’image est fixe. Le Gif est un terme générique qui désigne ces petites images animées. Mais à la base c’est le nom technique d’un type de fichier. J’avais envie de me libérer des contraintes techniques des fichiers Gif, il me semblait donc normal de leur trouver un autre nom que Gif, d’où boucle photo/photoloop.

SM : Gif, loop, photoloop, moving image… l’image fixe s’anime. Est-ce une évolution créative pour le photographe ?
JYL : Depuis quelques années déjà, on voit une convergence film/photo, les appareils photos font du film, les caméras font des photos… Mais le grand changement pour moi, c’est le support de diffusion qui devient lui aussi digital : iPad, écrans dans les gares, etc. Ces supports dynamiques ouvrent des nouvelles possibilités que l’on doit explorer. La différence majeure avec le film, je pense, c’est qu’il n’y a pas de montage, on est dans le plan unique. Une approche de l’image animée différente de celle du film narratif tel qu’on le connaît. L’esprit est plus proche de l’art vidéo, plus expérimental.

SM : Pourquoi faire des loops et des photographies de la même série ?
JYL : La différence, elle est plus d’avoir une version papier et une version digitale. Il y a aussi encore les soucis de formats vidéos qui peuvent gêner la diffusion de la version animée. La version fixe est pour le moment la plus facile à diffuser.

SM : A quel besoin ce nouveau type de visuel répond-il ?
JYL : Pour le moment, je pense que cela correspond plus à des possibilités, une sorte de laboratoire, qu’à de réels besoins. Les écrans numériques doivent continuer à se diffuser, à s’améliorer. Mais surtout, les diffuseurs doivent s’engager vraiment dans cette voie. C’est quand même étonnant qu’avec le nombre d’iPad qui circulent dans le monde, il n’y ait pas encore de vrai support de presse uniquement destiné à l’iPad pour en exploiter toutes les possibilités. Mais c’est sûrement trop cher pour une presse qui est en crise.

SM : Le photoloop a-t-il un avenir dans le domaine artistique : pensez-vous que nous en verrons de plus en plus dans les galeries et salons photographiques et/ou artistiques, qu’il peut rentrer dans le marché de la collection ?
JYL : Depuis quelques temps, je suis assez attentivement cela. A la Frieze de New York, il y a avait quelques écrans, à Paris Photo aussi. La galerie Saatchi a fait un concours de Gif, assez décevant d’ailleurs… Je pense qu’en fait ce genre d’œuvres va rapprocher l’univers de la photo et l’art vidéo. Je pense que la photo a été dans son temps une innovation artistique et que la longue chaîne des innovations artistiques continue. Je pense que c’est une formidable opportunité pour les photographes. Des photographes comme Man Ray ou Irving Penn auraient sûrement utilisé ces outils pour faire des choses formidables. Nick Knight a monté le Show Studio et a une approche très rafraichissante/innovante. C’est sûr que l’instantané photographique a une force et une simplicité incroyables, liées au plus vieux support du monde qu’est le papier. C’est sûr qu’en allant dans cette direction, on va un peu dans l’inconnu, il n’y a pas de circuit établi comme pour la photo. C’est intéressant d’être sur ces nouvelles frontières de la photo et du film. C’est très rafraîchissant et ça ouvre beaucoup de nouvelles perspectives.

SM : Le Gif est largement utilisé pour répondre au besoin de contenu de la sphère Internet. L’utilisation commerciale de ce type d’image ne risque-t-elle pas de bloquer son ascension dans le domaine artistique ?
JYL : Je pense que l’art vidéo depuis quarante ans a préparé le terrain pour des formes plus variées d’art digital. La photographie commerciale et la photographie artistique cohabitent depuis le début de la photo, je pense que ce sera la même chose pour ces images animées.

Pour voir toute la série des photoloops : http://www.jeanyveslemoigne.com/photoloop/#/

Jean-Yves Lemoigne est photographe depuis 2004 pour la publicité. Il collabore avec des agences du monde entier (Paris, Londres, New York, Amsterdam) pour des publicités aux idées étranges et au ton différent. Ses travaux ont reçu de nombreuses récompenses. Il collabore également avec des magazines : Amusement, Le Monde2, Technikart, Mademoiselle, WAD.
Le réenchantement du quotidien est au cœur de son travail personnel. Ses mises en scène surréalistes font basculer notre quotidien le plus banal dans une autre dimension.

Jean-Yves Lemoigne a été exposé aux musées de la Publicité, des Arts Décoratifs, au Louvre et au Palais de Tokyo.

Equilibre poutre

Equilibre Pneu

Equilibre chaise

 

 

 

http://www.jeanyveslemoigne.com

 

REPRESENTATION
CAROLE LAMBERT
http://www.carolelambert.com

CONTRIBUTEUR
Séverine Morel
[email protected]http://blinks.photography

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android