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Jean Loh par Stéphanie de Rougé

De sa première rencontre avec la photographie à l’ouverture de sa galerie…

Elève de 3eme chez les jésuites à Dole dans le Jura, Jean Loh s’initie seul à la prise de vue et fait développer ses films dans le village voisin jusqu’à ce que ses professeurs lui fassent découvrir la chambre noire du collège. Il y passera des heures à dialoguer avec le révélateur. C’est là et au ciné-club que tout a commencé. Il se souvient du septième sceau de Bergman, de la mort et de sa faux de l’incroyable profondeur du noir et blanc. Il découvre alors la magie du sens, la puissance de l’image, sa capacité à faire perdurer l’éphémère (il cite Roland Barthes) – une forme certaine de spiritualité dit-il.

Apres des études à Sciences-Po Paris. Il travaille en marketing pour diverses entreprises en France puis en Chine. Très vite il quitte le monde corporate pour créer une société de design graphique ayant pour but d’aider les entreprises françaises à mieux se positionner sur le marché chinois. Parallèlement, il se remet à la photographie, organise diverses expositions et travaille activement avec les musées de Shanghai et Canton à l’ouverture de département et collections de photographies. Il se souvient du vernissage de Marc Riboud au musée de Shanghai – « On n’avait jamais vu autant de monde à un vernissage ! »

En 2007, il acquiert un espace à Tianzifang en vue d’une exposition en collaboration avec la galerie VU. Au bout de quelques semaines, et sans nouvelles de Paris, il décide de mettre son espace à contribution pour exposer des photographes chinois talentueux et méconnus. Sa première exposition met en valeur le photographe Jiang Jian et ses Maije Folk Singers, un projet documentaire dans la pure tradition de Auguste Sanders.

Jean Loh est volontairement et poétiquement rebelle, il l’aime provoquer l’impossible et parler de l’indicible. Des images de la révolution culturelle par Li Zhensheng aux terrifiantes photos du projet Requiem for mountains and waters par Lu Guang, les murs de la galerie Beaugeste n’ont pas dit leur dernier mot.

Une photographie qui a une importance particulière dans sa vie…

Hôpital Psychiatrique, San Clemente, Italie 1979 by Raymond Depardon

Pour Jean Loh, cette photo iconique questionne l’art du portrait: si selon les classiques, le portrait révèle l’âme et l’âme tient dans le regard du photographié, qu’en est il alors de cette image d’un handicapé mental caché dans sa veste?

Un excellent souvenir…

Lors de l’exposition de Li Zhensheng sur la révolution culturelle, un homme entre dans sa galerie, regarde les photos attentivement une à une et demande à Jean Loh s’il peut chanter. Il explique qu’en voyant ces photos, toute une période de sa vie lui revient en tête sous forme de chansons qu’il ne peut chanter nulle part. Jean Loh l’invite à chanter et me parle de la dernière chanson : “moi je veux rentrer chez moi” une chanson très douce, comme un chant folklorique, des paroles d’espoir de retour à la maison inventée par les gardes rouges déplacés loin de chez eux comme des milliers de chinois.

Jean Loh ajoute: “C’est ça la magie de la photo.”

Un moins bon souvenir…

Jean Loh n’est pas du genre à s’encombrer la tête avec des souvenirs qui ne seraient pas excellents.

Sur le mur de sa chambre…

Une none dans un couvent par Marc Garanger et un jeune taoïste dans un monastère par Laurence Vidal

Merci Jean Loh pour ce bon moment! »

Stéphanie de Rougé

Jean Loh – Galerie Beaugeste, Shanghai

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