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Hermínia Borges (1894-1993) par Yara Schreiber Dines

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Son nom : Yara Schreiber Dines.
Elle vous parlera chaque mois des femmes photographes brésiliennes
Elle se présente ainsi que sa chronique comme suit :

« Bien que je sois anthropologue visuel, historienne et auteure, je suis avant tout une flâneuse, observant la vie sociale de la ville et une curatrice aux yeux d’aigle, très attentive aux détails de chaque image pour créer et fabuler des récits.

Dans cette série de textes, j’apporte aux lecteurs de L’Oeil de la Photographie un panorama de l’éclat des femmes photographes brésiliennes, pour les valoriser et les promouvoir pour être reconnues dans l’histoire de la photographie et de l’art.” – Yara Schreiber

 

Hermínia Borges (1894-1993), précurseuse du pictorialisme à Rio de Janeiro/Brésil

Les femmes participent depuis longtemps à la photographie, tant à l’étranger qu’au Brésil. L’atelier du photographe, en tant qu’entreprise familiale, a permis aux femmes de rejoindre l’activité photographique, mais au prix de ne pas laisser derrière elles des détails explicites sur leur travail, car l’atelier et non l’artiste était généralement crédité.

La place sociale des femmes dans l’atelier photographique était celle de l’invisibilité jusqu’aux premières décennies du XXe siècle, une situation qui a prévalu même après la mort du mari, lorsque l’épouse s’est présentée pour diriger l’atelier sous le stigmate de la dénomination « veuve ». – comme Veuve Pastore, épouse du photographe Vincenzo Pastore (un immigré italien), dans la ville de São Paulo.

Les thèmes abordés dans ce texte sur Hermínia Borges trouvent un contexte dans le croisement entre les études d’image et de genre, en l’occurrence au Brésil. L’artiste a reçu une éducation superlative dédiée aux arts, devenant peintre et dessinatrice, en plus d’étudier la musique. De 1912 à 1914, elle vit à Lisbonne. Elle s’intéresse à la photographie après son mariage avec le photographe amateur João Nogueira Borges, en 1918. Tous deux fondent, avec un groupe d’amis, le Photo Club Brasileiro en 1923, dans le quartier sud de Rio de Janeiro, dans la résidence du couple. Le Club a été formé par des professionnels libéraux et des membres de l’élite de la ville et s’est finalement consolidé comme l’une des principales associations photographiques de l’époque, renforçant la photographie comme moyen d’expression personnelle. Le magazine Photogramma, édité par le club, est une image du débat autour de la photographie à l’époque, avec des articles sur la technique et sur l’esthétique.
Hermínia était l’une des rares femmes photographes à travailler au début du XXe siècle, se démarquant comme représentante du mouvement pictorialiste brésilien. Il semble qu’elle était la seule femme du Photo Club. Elle privilégie la lumière naturelle et les paysages bucoliques mettant en scène des personnes âgées, des chemins de terre et des travailleurs ruraux. Elle réalise de nombreuses photographies en extérieur, mais elle réalise également diverses séances en studio et recourt à des mises en scène. L’équilibre dans la répartition des plans et la maîtrise des jeux d’ombre et de lumière soulignent le parti pris artistique de son travail. Adepte du pictorialisme, elle soutient la photographie d’auteur et vise à élever la photographie au rang des arts majeurs. Ses images présentent une maîtrise confiante de la technique, enregistrant des images avec une grande sensibilité. Elle a toujours titré ses images de manière à guider l’observateur et à améliorer la poésie de ses compositions.

Les techniques qu’elle utilisait le plus étaient le bromure et le bromoil. Ce dernier a reçu un pigment olégineux, provoquant un effet similaire à la peinture à l’huile. Hermínia a reçu des prix dans plusieurs salons et expositions au Brésil et à l’étranger, dans des lieux tels que Berlin (années 1930), Madrid (1936) et Buenos Aires (1938). Hermínia a travaillé avec la photographie pendant trois décennies, cessant de photographier en 1953.

Son œuvre a été sauvée de l’oubli par la Section Photographie de la Fondation Nationale des Arts – FUNARTE en 1981, grâce à la diligence de la chercheuse/commissaire Nadja Peregrino dans la mise en place de l’exposition et du catalogue. Sa collection, d’environ 800 images, a été donnée au Musée d’Art Moderne de Rio de Janeiro – MAM/RJ en 1987.

« … à son époque… 1920, … 1930…, la photographie avait beaucoup de mal à être acceptée dans les salons des Beaux Arts… et tel était l’agenda du Photo Club Brasileiro, parvenir à la reconnaissance de la photographie comme un art. Et c’était un point très cher pour tante Hermínia. Et, finalement, ils l’ont fait… elle en était immensément fière, elle pensait que c’était son exploit, le fruit de son rôle, de son combat, du Photo Club Brasileiro.

Témoignage de José Manoel Carvalho de Mello, neveu d’Hermínia Borges, mars 2021.

Yara Schreiber

 

Références
DINES, Yara Schreiber. The Substance of Images Brazilian Women Photographers. São Paulo: Editora Grifo, 2021.
FUNARTE/Mostra de Fotografia. Hermínia de Mello Nogueira Borges. Fotografias das décadas de 1920 a 1940. Rio de Janeiro: Funarte/Núcleo de Fotografia, 1981.
MELLO, Maria Teresa Bandeira de. Arte e Fotografia: o movimento pictorialista no Brasil. Rio de Janeiro: Funarte, 1998.
SANTOS, Reinaldo dos. Estratégias de leitura de imagens aplicadas às fotografias pictorialistas de Hermínia de Mello Nogueira Borges. In: ENCONTRO NACIONAL DE ESTUDOS DA IMAGEM, II., 2009, Londrina. Anais…Londrina: 2009. p. 1169-1183. Available at: http://www.uel.br/eventos/eneimagem/anais/trabalhos/pdf/Santos_Reinaldo%20dos.pdf.

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