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Hayward Gallery : Hiroshi Sugimoto : Time Machine

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L’art du temps par Jean-Jacques Ader

Les œuvres du célèbre artiste japonais, qui réalise depuis une cinquantaine d’années un travail photographique unique, suscitent à la fois contemplation, interrogation, et toujours, évoquent les questionnements philosophiques autour du temps et de sa compréhension.

Le directeur de la galerie Hayward à Londres, Ralph Rugoff, définit Sugimoto comme un poète visuel du paradoxe, un adepte du savoir-faire minutieux qui produit des images exquises et troublantes, d’une qualité exceptionnelle. Modification du sens de l’histoire, du temps et de l’existence même. Sa série de dioramas, commencée dans les années 70, questionne la représentation des époques dans les musées et évoque aussi le trompe-l’œil et la véracité des photographies.

Sugimoto nous dit : « L’appareil photo peut capturer plus qu’un simple moment, il peut capturer l’histoire, le temps géologique, le concept d’éternité, l’essence même du temps… Plus je réfléchis à ce sens du temps, plus je pense qu’il s’agit probablement de l’un des facteurs clés qui ont permis à l’homme de devenir humain. »

L’exposition de la Hayward Gallery nous donne aussi à voir des pièces plus orientées sur l’histoire de la photographie et des sciences. Les concepts de temps, d’espace et de lumière étant partis intégrantes de son médium.

Le temps existant à l’intérieur d’une image est aussi présent dans ses Theaters (1976 -) comprimant toute une durée de films dans un écran de cinéma illuminé de lumière. Aussi présentes ici, les Seascapes (1980 -), images partagées à l’horizontale à égalité par le ciel et la mer, illustrent l’intemporalité et le paysage existant même avant l’être humain. Que reste t-il des bâtiments des Beaux-arts de Paris, de la tour Eiffel, des Twin Towers photographiés flous ? Des formes fictionnelles, des silhouettes ? Des ruines ?

Dans un registre proche des Dioramas, les mannequins de personnalités du musée de cire Madame Tussauds, nous sont rendus étrangement vivants par la photographie, qui est pourtant censée arrêter le temps…

Aussi, exposé dans cette première grande rétrospective sur le sol anglais, Sea of Bouddha (1995) rejoint l’idée d’intemporalité, au travers de 1001 statuettes de bois doré. Avec Lightning fields (2006 -) Sugimoto arrive à rendre visibles des décharges électriques sur du papier sensibilisé, sans appareil photo.

Optiks (2018 -) qui traite des propriétés de la lumière, ici traversant des prismes, et des teintes aux couleurs intensément variées qu’elle peut prendre. Deux sculptures en aluminium poli, aux formes abstraites et élégantes, nous rappelle la formation d’architecte de Sugimoto, le prédestinant sans doute déjà, à s’occuper de temps et d’espace.

Jean-Jacques Ader

 

L’exposition fera l’objet d’une tournée internationale en 2024, au Centre d’art contemporain de l’UCCA (23 mars – 23 juin 2024) et au Museum of Contemporary Art Australia (2 août – 27 octobre 2024). octobre 2024).

Hiroshi Sugimoto : Time Machine est organisée par le directeur de la Hayward Gallery, Ralph Rugoff, avec les commissaires adjoints Thomas Sutton et Gianluca Gianluca. Thomas Sutton et Gilly Fox, conservateurs adjoints, et Suzanna Petot, assistante de conservation.

 

Hiroshi Sugimoto : Time Machine
Jusqu’ au 11 Janvier 2024
Hayward Gallery
South bank center, Londres
https://www.southbankcentre.co.uk/

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