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Genève : Dana Hoey, Fouilles au corps et renversement des rôles

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La photographe américaine Dana Hoey renverse totalement le rôle qui est généralement accordé à la femme dans la photographie à travers des scénographies sophistiquées. A plusieurs « entrées » de telles prises autant le désir, la domination que l’indépendance féminine des femmes. Avec  « Tribeca » (nom d’un quartier de New York, elle casse les idées reçues sur la visualisation des organes sexuels (masculin compris)  au sein d’une atmosphère particulière faite de tensions de mises en abîme sophistiquées et subtiles.

Dans cette œuvre et contrairement au rôle qui lui reste généralement attribué, la femme est vêtue et donc en position de force face au mâle dénudé. Une telle œuvre – comme toutes celles de l’artiste – met un exergue un  féminisme implicite. La silhouette est celle d’une femme mûre, élégante, qui fixe, sur une table basse, un os (à ronger en lieu et place de ce qu’il est sensé représenter par sa forme phallique ». En deçà un jeune homme  nu la regarde d’un air mélancolique issu d’un certain « après » de l’amour ou de ce qui lui a ressemblé au moment où le sexe masculin  – caché par le bras (pudique ?) de l’homme  – reste de facto devant la bouche de la femme et évoque autant la fellation que la dévoreuse de l’homme et de son sexe.

Surgissent de manière complexe les différents jeux de soumission entre personnages et que les objets, la situation, le décor et les habits comme la nudité soulignent.  Dana Hoey contrarie  ainsi l’espace qu’habite généralement la femme et le rôle que son corps est sensé tenir. Il  échappe à lui-même, se cache tout en se montrant et en jouant les acrobates. Surgit le manque, l’effacement : mais c’est la manière de montrer moins pour « dire » plus. Morceler revient à focaliser au détriment de tout ce qui n’a pas d’importance : seul un geste  suffit. Une étrange narration suit son cours par de telles scénographies. Le relevé de traces du vivant, des émotions et des sensations sont plurivoques : la fragilité du mâle comme la force de la femme se révèle en retenant de leur  corps   foisonnant et empirique  une sorte d’essence. Ce qui est retiré à l’organique permet non de l’effacer mais d’en préserver plus que la parure : l’essentialité. Le regardeur est forcément focalisé sur les portions de corps donc de vies. Elles prennent diverses formes. Rapprocher l’œuvre de l’ex-voto est donc superfétatoire : contrairement à un tel genre le corps flotte et s’envole. Dépouillé de tout superflu il suggère l’éros et la chair avec l’intensité de la suggestion loin des schèmes admis  et pour une autre fouille des destins composites.

EXPOSITION
« Uncanny Energy »
Dana Hoey
A partir du 5 avril 2016
Analix Forever
2 rue de Hesse
1204 Genève
Suisse
http://www.analix-forever.com
http://www.danahoey.com

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