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Best Of 2021 : Galerie Lumière des Roses : Visages du monde ouvrier

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La Galerie Lumière des Roses à Montreuil expose une collection exceptionnelle de photographies réalisée par le duo à la tête du lieu. Marion et Philippe Jacquier ont récolté depuis quinze ans d’émouvantes images qui donnent à voir le menu peuple qui travaillait dans les usines à l’aube du XXème siècle.

La gueule noire d’un « galibot » – surnom des jeunes manœuvres qui descendaient autrefois dans les mines de charbon -, ces enfants crève-la-faim dépeints dans Germinal, ces contremaîtres aux regards durs qui s’éreintaient sur des chaînes de travail à n’en plus finir… Les photographies réunies par Marion et Philippe Jacquier montrent combien ces êtres furent exposés au monstre des machineries d’antan, à un patronat guère aimable, en une « chair à tout faire », une « brique bon marché » pour reprendre les mots d’un poème d’Aragon.

Mais tous ont une attitude qui dégage quelque chose de fort, d’intéressant ou de troublant et qui nous rappelle la splendeur d’un visage, ce « lieu du corps où se loge la personnalité, cette partie la plus unique et irremplaçable de l’individu. » comme l’écrivent les deux fondateurs du lieu et qui ajoutent, plus loin : « L’ouvrier porte sur la figure les marques du travail, mais en même temps son visage, par sa singularité et son mystère, se dérobe sans cesse à celui qui veut le réduire à un objet. »

De fait, comme ils l’expliquent bien dans ce texte de présentation de l’exposition, les ouvriers furent d’abord photographiés dans le seul but de servir la promotion de l’usine, faire la publicité décidée par la direction. Ils n’avaient sans doute pas accès à ces images après et n’étaient certainement pas très autonomes dans leurs poses. Il faudra attendre la fin de la première moitié du XXème siècle pour que l’usage de la photographie se démocratise et que certains ouvriers fassent eux-mêmes des images, parfois de leur environnement immédiat, parfois des grèves auxquels ils participent, notamment avec la montée du Front populaire.

Petit peuple

Exposer aujourd’hui ces images résonne comme une réhabilitation à travers l’Histoire où des êtres autrefois méprisés trouvent une forme de reconnaissance. C’est notamment le travail de la Galerie Lumière des Roses qui scrute les archives du monde pour trouver des photographies singulières, à la poésie évanescente et oubliée, et raconter des univers d’autrefois qui ont été mésestimés par le récit officiel, comme ce fut le cas lors des Rencontres de la photographie à Arles en 2019 où Marion et Philippe Jacquier conçurent une exposition dédiée aux zoniers, ce petit peuple de Paris chassé par les prix des loyers en hausse et contraint de vivre en marge de la capitale dans des bidonvilles insalubres.

 

Face au temps, à la lumière d’un siècle passé, il ne reste plus que l’essentiel : la singularité de chaque expression qui dit quelque chose de profond de l’humain. Comme dit Baptiste le mime dans le film Les Enfants du Paradis, à propos des plus miséreux qui ne peuvent se payer que les places les plus hautes du théâtre, spectateurs les plus éloignés de la scène : « Ils sont tout petits, mais ils ont de grands rêves ».

Jean-Baptiste Gauvin

  

Visages du monde ouvrier

photographies 1880-1940

Exposition du 13 octobre 2021 au 29 janvier 2022

Vernissage le week-end 9-10 octobre 14-20h

 

Galerie Lumière des Roses

12-14 rue Jean-Jacques Rousseau 93100 Montreuil

Tel 01 48 70 02 02 – mob 06 11 49 52 27

du mercredi au samedi 14-19h

http://www.lumieredesroses.com/

 

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