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Galerie Karsten Greve : Herbert List : Italia

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La Galerie Karsten Greve présente Herbert List. ITALIA, sa première exposition dédiée au travail du photographe allemand en collaboration avec sa succession. Celle-ci met en lumière une importante sélection de photographies réalisées en Italie entre 1933 et 1961, permettant au public français de redécouvrir le travail de l’artiste, rarement présenté en France depuis sa grande rétrospective au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris en 1983.

Le travail d’Herbert List (1903 Hambourg – 1975 Munich), dont l’approche artistique a été façonnée par l’avant-garde européenne, s’inscrit dans la pure tradition des années trente, alliant rigueur formelle du Bauhaus et magie de l’inspiration surréaliste. Souvent qualifié de « photographe du silence »1, les vestiges, les corps et les lieux sont des inspirations majeures, distillées dans l’ensemble de son œuvre : à travers le Munich détruit de 1945, sur les traces de la Grèce antique et au détour de nombreuses escapades lors desquelles Herbert List immortalise des moments de vie. C’est notamment grâce à ces voyages qu’il découvrira l’Italie au début des années trente, pays avec lequel il entretiendra une relation toute particulière.

L’art et l’architecture classiques ainsi que la mythologie grecque sont des sujets qui ont passionné List bien avant sa découverte de la photographie en 1930. En 1936, il quitte l’Allemagne nationale-socialiste et se rend à Londres, Paris et Athènes. Il traverse régulièrement les Alpes afin de profiter du soleil du sud et de satisfaire son intérêt pour l’histoire de l’art en s’octroyant de courtes visites à Venise, Florence et Rome. Il se passionne pour la beauté de la lumière et des contrastes méditerranéens qu’il ne cessera d’explorer : les îles grecques, l’Italie, le sud de la France ou encore l’Espagne et le Maroc sont autant d’étapes qui façonneront son art. L’ombre, plus que la lumière, aura une importance capitale dans ses recherches. En effet, Herbert List transforme les objets et les personnes en créant ses propres énigmes comme par exemple dans l’œuvre Shadow of David, Italy, Florence, 1934 ou dans Youth in front of Roman bust, Italy, 1949. Les corps géométrisés, les ombres et les reflets deviennent alors les sujets d’expériences formelles et l’utilisation de la double exposition crée de nouveaux espaces, sorte de rêves magiques dépourvu de dimension temporelle, auxquels les surréalistes attribuaient une grande importance.

Progressivement, Herbert List se dirige vers une photographie plus spontanée, dont le point de départ est la série View from the Window de 1953 : à la suite d’une blessure au pied, il s’enferme dans l’appartement de son ami, le photographe et exécuteur de sa succession, Max Scheler, situé au 65 Via della Lungarina à Rome, dans le quartier de Trastevere. Il emprunte un appareil Leica 35 mm et s’installe à la fenêtre, capturant ainsi des scènes de vie, influencé par Henri Cartier-Bresson rencontré chez Magnum, et le néo-réalisme du cinéma italien. Il travaillera d’ailleurs au côté du réalisateur Vittorio de Sica sur le film Stazione Termini la même année et rencontrera l’écrivain et cinéaste Pier Paolo Pasolini dont les écrits résonnent étroitement avec ses clichés. Ces photos de Rome des années cinquante capturent des moments que List décrira comme « décisifs ». Les natures mortes laissent place aux jeux des enfants et les décors surréalistes s’effacent à la faveur des trompes l’œil de la ville.

Dès lors, Herbert List multiplie les reportages photos et s’intéresse à la photographie documentaire. En 1950 et 1951, il s’était déjà rendu à Milan pour un projet sur la Casa Verdi, puis à Palerme afin de réaliser une série sur les catacombes du Monastère des Capucins. Il poursuivra en photographiant, entre autres, les jardins Maniériste du Palazzo Orsini à Bomarzo et des scènes de pêche au thon sur la petite île de Favignana en Sicile. L’apogée de ce travail documentaire est atteint à la fin des années cinquante, lorsqu’il déambule dans les rues de Naples, alors en plein tournage d’un autre film de Vittorio de Sica, Le Jugement dernier. Il photographie toutes les personnes attirant son attention et celles-ci seront, ensuite, interviewées par de Sica. En résultera Napoli, un ouvrage de référence publié en 1962 dans lequel les clichés retranscrivent l’atmosphère vivace et confuse de la ville. Celui-ci offre un corpus d’images presque cinématographique qui permet de dissoudre la frontière entre photographie artistique et photographie documentaire.

Mélange éclectique de lieux, de personnages et de mises en scène, les impressions italiennes d’Herbert List sont donc à la fois une mosaïque du passé et du présent, d’art et de vie.

Né en 1903 au sein d’une famille bourgeoise de Hambourg, l’adolescence d’Herbert List est marquée par la débâcle de 1918 et l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933. Même s’il n’est pas politiquement engagé, l’avènement du 3ème Reich asphyxie son quotidien : juifs et homosexuels sont les premières cibles du régime, obligeant l’artiste à s’en considérer l’ennemi et à quitter son pays en 1936. Le commerce de café de ses parents lui permet de voyager à travers le Brésil, le Mexique, El Salvador, le Costa Rica et les Etats-Unis, où il s’initie aux langues et s’ouvre à de nouvelles cultures. Entre les deux guerres, Herbert List s’immerge dans la culture cosmopolite de l’Allemagne des années vingt, où cohabite le Bauhaus, l’expressionnisme et le théâtre de Max Reinhardt. En 1930, il rencontre d’Andreas Feininger, maître du Bauhaus, qui l’introduit à l’art de la photographie et lui prodiguera ses premiers conseils techniques. Il lui suggère l’utilisation de l’appareil Rolleiflex dont la pellicule est composée de seulement douze tirages, ce qui le poussera à se concentrer sur la composition plutôt que sur la rapidité d’exécution. En 1937, List partage son temps entre Paris et Londres, où il rencontre respectivement Jean Cocteau et le photographe George Hoyningen-Huene. Il s’essaye à la photographie de mode et publie dans les pages du Harper’s Bazaar et de Vogue, mais sans enthousiasme. Il préfère se concentrer sur ce qu’il appellera la « Fotografia Metafisica » en composant des natures mortes à la construction impeccable, rappelant le travail de Man Ray, Max Ernst et de Giorgio de Chirico. Il réalisera également tout au long de sa carrière de nombreux portraits dont ceux de Giorgio Morandi, Pier Paolo Pasolini et Marino Marini, entre autres. À partir de 1962, Herbert List délaisse la photographie et se consacre à sa collection de dessins de Maîtres Italiens. Il meurt le 4 avril 1975 à Munich. Ses œuvres font partie de nombreuses collections dont celles du Museum Ludwig à Cologne, du Museum of Fine Arts de Boston, du Metropolitan Museum of Art à New York, de la Kunsthaus Zürich ou du musée Picasso à Paris. Herbert List a fait l’objet de nombreuses expositions, notamment au Museum für Kunst und Gewerbe de Hambourg et à la Kunsthalle Nürnberg en 1976, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1983, au Musée de l’Élysée, Lausanne, en 1996.

  1. Herbert List, le photographe du silence, documentaire de Reiner Holzemer (Allemagne, 1999, 29min)

 

Herbert List Italia

13.11.2020 / 20.01.2021

Galerie Karsten Greve

5, rue Debelleyme

75003 Paris

www.galerie-karste-greve.fr

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