Le projet que j’expose consiste en un livre et une installation, avec des projections composées des photographies que j’ai prises en Chine entre 2008 et 2012. J’essayais de donner forme à l’expérience qui était la mienne au cours des quatre années où j’ai traversé le pays. J’ai cependant réalisé les limites de la photographie. Je m’intéressais à ce médium parce que c’est un procédé idéal pour l’investigation. À travers mon appareil, j’enregistre ce que je vois. Mais plus important encore, ces photos me rappellent ce que j’ai raté lors de mes vagabondages. Ce vers quoi je dois revenir et que je ne dois pas oublier pour ne pas me sentir perdu.
Les piles de photos que j’ai faites pour ce projet ont été réalisées pour plusieurs raisons différentes. J’ai commencé à photographier la Chine parce que j’étais un architecte et que j’avais une bourse pour mener un projet de recherche. Donc le propos de cette mission était très spécifique et je voulais produire les images radicales que je pourrais utiliser pour mes recherches. Cela m’a mené à essayer de saisir ce que la Chine peut être aujourd’hui, en tant que Chinois qui a quitté le pays il y a plus de dix ans. Pendant mes recherches, j’ai découvert beaucoup de choses en interrogeant les gens et en obtenant certaines informations et j’ai réalisé que l’histoire de ce peuple, de toute la société dans sa complexité, est presque impossible à refléter dans l’espace d’une photographie. Donc le message qu’une photographie porte en elle peut parfois être trompeur. Je me suis alors demandé si je devais continuer à prendre des photos si le médium ne pouvait servir à raconter la vérité. Mais j’imagine que cela est dû à la complexité de la Chine d’aujourd’hui et, je pense, du monde entier.
La bourse ne durait qu’un an, mais après cela j’ai continué de voyager à travers le pays et je prenais des instantanés partout où je passais, mais sans raisons spécifiques. Je ne savais pas à quoi ces photos pourraient servir. Plus tard, quand je les ai regardées, je me suis remémoré tout mon parcours. Cela m’a rappelé à quel point la société changeait de nos jours. Donc l’image en elle-même n’est pas une preuve formelle, l’image est juste là pour m’amener à me poser plus de questions.
Hai Zhang
Vous pouvez lire l’interview de Hai Zhang dans son integralite, dans la version anglaise du Journal.
Chobi Mela – International Festival of Photography
Du 25 janvier au 7 février 2013
House 58, Road 15A (New),
Dhanmondi, Dhaka 1209
Bangladesh
