Rechercher un article

Clay Patrick McBride parle avec Elizabeth Avedon

Preview

3rd Rail, une installation spécifique au site conçue par le géant de la photo Clay Patrick Mc Bride, ouvrira à la Foley Gallery, à New York, cette semaine, en tant que partie de la série curatoriale en cours montrée en devanture. McBride sculpte et colle ses photographies 35 mm de personnes prenant le métro de New York pour reproduire la sensation d’anxiété et l’anonymat du lieu. Le travail exposé dans le long couloir en verre de chaque côté de l’entrée de la galerie a pour but de transmettre l’expérience de claustrophobie sombre et chaotique du passage du métro.

Les portraits de McBride de grands athlètes et de musiciens ont été publiés dans un grand nombre de magazines, parmi lesquels Rolling Stone et Sports Illustrated. Son travail commercial inclut des dizaines de pochettes d’album pour Sony et Atlantic Records, de même que des campagnes pour Pontiac, Boosts, Mobile et Nike ; et il s’est tourné vers le cinéma avec un certain nombre de projets de courts-métrages. Mais en 2013, McBride a vécu un changement en retournant à la School of Visual Arts — où il a été enseignant pendant presque 10 ans — pour le programme de Masters en photographie digitale. Il est actuellement professeur à la School of Photographic Arts and Sciences au Rochester Institute of Technology. 

W.M. Hunt, conservateur et auteur de The Unseen Eye. Photographs from the Unconscious m’a dit : « Quand j’étais le mentor de Clay à SVA, il était totalement confiant et sautait sur chaque proposition. Il semblait exploser en une troisième dimension sculpturale. Son projet final pour le programme était un œuvre de 1,80 m associant le bois, la photographie et le dessin, qui ressemblait au beaupré d’un bateau. Au début du vernissage, Duane Michals est rentré, a pris un moment pour regarder ce qui était devant lui, l’a jaugé et a prononcé : « Primitif ! » On ne peut pas faire mieux.

J’ai parlé avec McBride la semaine dernière à propos de son passé, son présent et son avenir dans la photographie.

E. A. : De quoi parle votre série 3rd Rail dans la prochaine exposition Foley ?
Clay Patrick McBride :
Mon Dieu, c’est un puits profond ! Bruce Parent, une thérapie artistique jungien, m’a fait beaucoup travailler avec les ombres. Le métro est une sorte de purgatoire. Un monde entre les mondes rempli d’étrangers collés les uns aux autres comme des sardines. Mon appareil photo rapporte moins l’aspect du métro que sa dimension effrayante. Le cadre photographique devient une sorte de prison pour notre conscience mal à l’aise. Les voyageurs sont déformés tandis qu’ils sont capturés par les cellules de mon 35 mm et écrasés par le poids du monde. En contemplant la masse de gens auxquels on a volé l’identité, mon appareil photo les transforme en fantômes.

Après une belle carrière commerciale où vous avez photographié des célébrités y compris LeBron James, Jay Z, Kanye West, Norah Jones, Kid Rock, Metallica, pour en citer quelques-uns, vous semblez avoir changé en cours de route, en entrant dans les programme du Masters en photographie digitale de la School of Visual Arts. Qu’est-ce qui vous a fait prendre cette direction ?
« L’illumination ne consiste pas à faire des figures à partir de la lumière, mais à rendre les ténèbres visibles. » — Carl Jung.
Quand j’ai pris un appareil photo, j’étais un gosse paumé. C’est devenu une boussole pour moi. J’ai voyagé partout avec. Un passeport. Je suis allé à des endroits sur de vieilles cartes de pirates qui disent : « Ici il y a peut–être des monstres. » Ça m’a ouvert les portes d’un endroit où je pouvais tuer les dragons qui me hantaient quand j’étais un ado rebelle. Ça m’a donné de la confiance. L’appareil photo est devenu plus tard un moyen de gagner ma vie, et j’ai oublié combien il était bien ancré dans mon cœur. Il est devenu une caisse enregistreuse. L’industrie de la musique était un peu creuse et vide. Elle manquait de profondeur réelle. Des publicitaires insistants rendaient ma vie difficile, par cet aspect “John Lennon” à la Leibovitz. C’était un boulot. Je voulais prendre du recul et comprendre pourquoi j’utilise cette chose appelée appareil photo — voir dans les ténèbres. Je voulais prendre des photos de ma profondeur. J’avais à m’occuper de nouveaux dragons et monstres. Il était temps de se perdre et errer dans le métro. Mon enfer.

Quand a commencé votre carrière dans la photographie ?
J’ai abandonné le lycée et je vivais à New Hope, en Pennsylvanie. Je suivais des cours au Bucks County Community College (c’était comme le lycée, mais avec des cendriers) et j’essayais de savoir ce que j’allais faire de ma vie. J’ai étudié le commerce et j’ai pris un cours optionnel de photo. J’avais cette prof qui déchire, Judith Taylor, qui m’a dit que j’avais un don et que je devrais continuer. Elle était géniale. Elle m’a fait connaître Robert Frank, Larry Clark, Meatyard, Avedon, Penn, Arbus et tous les grands. Je voulais être photographe à 18 ans. J’ai récupéré un appareil photo dans un magasin d’occasion et j’ai dit à mon pote Derek : « Je serai photographe. »

Et ensuite ?
J’ai étudié à l’école Leo Marchutz à Aix-en-Provence en 1998 avec un tas de hippies expatriés. Un endroit vraiment charmant. On peignait dans le même paysage que Cézanne, surtout la montagne Sainte-Victoire. Je chevauchais ma mobylette à 9 h du matin pour aller en cours. On prenait nos sacs à dos avec notre peinture à l’huile et notre chevalet, et on allait passer la journée à la campagne ; en général, j’emmenais une baguette.. On revenait avec une demi-douzaine de peintures et on les commentait. On était juste 10 gosses dans la classe. J’adorais les processus de peinture (mélanger la couleur et les qualités méditatives transcendentales) mais je n’étais pas doué comme certains. Je suis ensuite allé à Venise et j’ai peint, j’ai vu Le Titien, des fresques et j’ai étudié l’histoire de l’art à Paris. C’était une occasion unique. Je me suis éclaté. Même alors j’avais un appareil avec moi, un Mamiya 6×4,5 acheté avec l’argent que ma grand-mère m’avait laissé.

 

Lire l’intégralité de l’article dans la version anglaise de L’Œil.

 

EXPOSITION
3rd Rail, de Clay Patrick McBride
Du 21 janvier au 22 février 2015
Foley Gallery
59 Orchard Street
New York, NY 10002

www.foleygallery.comwww.claypatrickmcbride.com
http://cias.rit.edu/schools/photographic-arts-sciences
www.sva.edu/graduate/mps-digital-photography
www.sva.edu/undergraduate/photography

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android