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Chris Shaw à la galerie du jour agnès b.

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La galerie du jour agnès b. vient d’inaugurer ses deux premières expositions de l’année. L’une, Night Porter & Sandy Hill, présente les œuvres du britannique Chris Shaw.

Night Porter & Sandy Hill

C’est au détour de piles de livres et autres rayonnages d’une librairie que Chris Shaw, originaire de Wallasey dans le nord de l’Angleterre, découvre les photographies d’Ikko Narrahas. La découverte d’une image de la série New Mexico représentant deux poubelles en lévitation constitue le moment décisif : Chris Shaw deviendra photographe.

Quelques temps après, il quitte son Merseyside natal et intègre le West College of Art and Design de Farnahm dans la banlieue-ouest de Londres. Mais il ne se sent pas à sa place parmi les « gosses de riches« . Exclu, il trouve refuge dans l’alcool et délaisse les bancs de l’Université pour aller régulièrement se ressourcer dans la cité locale de Sandy Hill, non loin d’Albershot, où il peut enfin côtoyer des gens « normaux' »et communiquer avec eux par le prisme de son appareil photo.

Il tisse alors un lien avec cette communauté, capturant dans cette intimité sans fard des tranches de vies, des instants partagés. Il élabore ainsi un travail hybride à mi-chemin entre le journal intime et le documentaire, qui deviendra sans qu’il en ait encore conscience une sorte de marque de fabrique. Parallèlement, il consigne régulièrement dans un carnet ses pensées et anecdotes partagées avec cette communauté. Cette écriture automatique apposée à l’épais marqueur qu’il utilise pour légender ses tirages, devient un prolongement graphique de ses clichés.

Tout comme les vagabonds gravent leurs expériences sur le métal, sa signature témoigne jusqu’à empiéter sur les images qu’il n’hésite pas à déchirer ou découper.

Ainsi est né son premier photobook, Retrospecting Sandy Hill, récemment réédité chez Mörel Books et nominé par The Guardian parmi les ouvrages photo de l’année 2015.

Ce style « anti-esthétique » comme il le décrit lui-même, trouvera son apogée à travers sa plus célèbre série, « Life as a Night Porter », entamée à l’aube des années 90.

Alors contraint de travailler comme réceptionniste de nuit dans un hôtel londonien pour se sortir de la rue, Chris Shaw chasse l’ennui des ces longues nuits d’astreinte à prendre avec son Instamatic les scènes surréalistes qui se jouent devant lui. Développées ensuite de manière très saturée en laissant la part belle aux erreurs. Le procédé n’est pas sans rappeler le Provoke Movement (il fut exposé en 2014 à la Tate Modern aux côtés de Daido Moriyama). Ses clichés nous font pénétrer dans cet interzone où la fatigue, l’ennui et l’alcool aidant, il vit dans un état de ‘ »et lag permanent ».

Clients enivrés ou exhibitionnistes finissant parfois échoués dans diverses parties de l’hôtel ou enfermés dans les toilettes, personnel fatigué, mobilier anxiogène sont autant de scènes que donnent à voir les photographies de cette série, qui de part leur nature, nous font pénétrer dans l’intimité de l’humain et des lieux.

On se retrouve alors voyeur, à tenter de deviner les scénarios qui se sont joués, en déchiffrant les légendes griffonnées au stylo-feutre par le témoin de ces nuits blanches.

EXPOSITION
Night Porter & Sandy Hill : Chris Shaw
Rencontre-signature avec l’artiste samedi 20 février de 16 à 19h
Du 22 janvier au 19 mars 2016
La galerie du jour agnès b.
44 rue Quincampoix
75004 Paris
France
http://www.galeriedujour.com
Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h

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