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Atlanta : Bruce Davidson –Gordon Parks

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Par la juxtaposition de deux séries de Bruce Davidson réalisées à une quinzaine d’années d’intervalle – l’une à Central Park, New York, au début des années 90, l’autre dans les jardins de Paris en 2005-2006 -, la galerie Jackson Fine Art en offre une lecture politique. Les parcs, dans une ville comme dans l’autre, à une époque ou à une autre, sont le reflet d’une culture locale. A New York, c’est le lieu de détente, de refuge, de rencontre, de contemplation solitaire ou de tendresse d’une population mixte. L’architecture de la métropole y fait quelques brèves apparitions, définissant le contexte, mais c’est l’émotion de cette nature inventée qui domine, les collines artificielles répondant aux rondeurs que les New-Yorkais viennent exhiber dans le parc. A Paris, les rôles sont inversés : l’artefact fait place à la nature monumentale, l’intervention humaine transparaissant dans les différentes architectures. L’abstraction des formes domine dans des compositions carrées, serrées, confrontant des arbres majestueux et des morceaux choisis dans l’architecture parisienne : fontaine, Tour Eiffel, immeuble haussmanien. Les proportions sont trompeuses, donnant à ces arbres centenaires le privilège des qualificatifs « colossal » et « sculptural ». Les habitants qui s’abritent du soleil à l’ombre de leurs branches gracieuses y sont souvent capturés de loin, semblant recouvrir les pelouses de formes multicolores et indistinctes à la manière éphémère des feuilles d’automne. Deux villes, deux natures, révélant chacune les caractéristiques de sa population.
Si une certaine poésie se dégage également du documentaire social de Gordon Parks, également exposé à la galerie, la condition humaine y est peinte avec toute la dureté imposée par le sujet : la mixité douce fait place à la ségrégation, le solide béton aux bâtisses de bois d’Alabama, la légèreté contemporaine au contexte raciste pesant des années 50. Retrouvées dans leur format et couleur d’origine, 12 photographies du fameux portfolio publié par Life en 1957 rappellent le pouvoir saisissant d’un reportage que l’on connaît principalement en noir et blanc. Dans un contexte ou la « couleur » était en cause dans une confrontation du noir et du blanc, l’auteur prend explicitement parti et le choix de la couleur ajoute à l’engagement des images. Des images qui, par la force de l’empathie, ont servi à dénoncer l’injustice raciale et ont contribué, dans une certaine mesure, au changement que Davidson a saisi avec un brin d’humour quelques décennies plus tard.

Laurence Cornet

Bruce Davidson – Gordon Parks
Du 30 novembre 2012 au 2 février 2013
Jackson Fine Art
3115 East Shadowlawn Avenue
Atlanta, GA 30305
USA
Tél. : +1 404 233 3739

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