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ArtParis 2013: Diary of Christophe Lunn

Il y a moins de galeries dédiées uniquement à la photographie à Art Paris cette année, mais la photographie est omniprésente et s’intègre dans la plupart des propositions artistiques.
Souvent taxé d’anecdotique ou de documentaire, un portrait est considéré réussi lorsque le photographe parvient à créer une image iconique, tel l’œuvre de Richard Dumas (Galerie VU, Paris), les séries Lamb et Sumo de Denis Rouvre (Galerie Hélène Bailly, Paris) ou les « photos volées » de Ron Galella et Claude Gassian (A. Galerie, Paris). Les grands portraits enigmatiques d’Halim Al Karim (Galerie Imane Farès et Patrice Trigano, Paris), les photographies de famille sur lesquels Carolle Benitah brode (Galerie Esther Woerdehoff, Paris), les portraits d’inconnus que s’approprie Zane Mellupe comme sa propre famille (« Found family », Ifa Gallery, Shangaï) ou les tirages albuminés sur lesquels Nandan Ghiya pixelise les visages (façon Facebook) et qu’il met en scène dans des cadres improbables (Galerie Paris-Beijing et 10 Chancery Lane Gallery, Hong Kong) sont autant d’exemples où le portrait joue le rôle de référant à une réalité absolue et devient un élément incontournable dans la (re)construction de l’identité.
Deux œuvres, à l’opposée l’une de l’autre, semblent s’affronter autour des autres tendances actuelles, ou l’acte photographique ne représente qu’une partie du processus créatif.
Dans « Human Project. Episode #44″ (2012), Kerim Ragimov reconstitue à l’huile sur toile une photo de famille avec un réalisme saisissant. Les personnages, des enfants, se tiennent au centre de l’image, en tenu d’été, les pieds dans une piscine gonflable. La lumière du soleil, qui fait scintiller leur peau humide, les isole au milieu d’une pelouse et d’un jardin sombre. De loin, cela ressemble à un banal agrandissement de cliché de vacance dans lequel on sent les limites technologiques de l’appareil photo avec lequel il a été réalisé. En se rapprochant de la toile, on découvre des détails qui renforcent cette idée d’imperfection du tirage amateur. L’artiste va même jusqu’à reproduire les poussières sur l’objectif lors de la prise de vue, prisonnières à jamais sur le négatif qui a servi au tirage. Des petites taches noires, comme des écaillements de gélatine, et des rayures qui suggèrent le vieillissement, rendent encore plus réelle cette reproduction de photo souvenir.
Si la peinture sait imiter les codes de la photographie, l’objectif aussi peut se soumettre au geste du créateur. Dans »Light Harmony », Yves Ullens explore les diagonales. Le mouvement de son objectif lors de la prise de vue crée un flou qui simule à perfection des traits de peintres. La douceur des lignes fuyantes allant du noir au blanc est accentuée par la technique du tirage au platine/palladium. Ce procédé, qui restitue deux fois plus de tonalité de gris qu’un tirage argentique, donne de la profondeur à l’image, poussant l’illusion d’une toile peinte encore plus loin.
Notre façon de percevoir le monde « photographiquement » nous prédispose à nous appuyer sur la photographie comme référent perpétuel. Qu’elle soit source d’inspiration ou qu’elle fasse partie de l’objet final, la photographie s’impose dans l’art comme un langage visuel incontournable.

Christophe Lunn

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