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Arles 2022 : Serge Assier

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Serge Assier : il est l’une des dernières figures mythiques de la photographie méditerranéenne.
Souvent ignoré, parfois maltraité comme l’année dernière par quelques ignorants employés de mairie qui voulaient jeter ses archives qu’heureusement l’Etat et le Patrimoine ont récupéré. Conscient du temps qui passe et toujours à la recherche d’une reconnaissance plus que méritée, il s’est loué cette année un endroit pour montrer ses images en Arles du 1 juillet au 25 aout.
Les voici !
JJN

 

Bonsoir Jean-Jacques,

Dans la vie, il faut savoir prendre des risques et c’est ce que je me suis toujours efforcé de faire.
En homme libre, et je ne suis pas quelqu’un qui baisser les bras même à 76 ans. Après les insultes de la mairie dont les services ont jeté mes cimaises et vitrines. Elles avaient pris l’eau en 2020 suite à une inondation dans le hangar de stockage. Personne ne m’a prévenu et la MdVA m’a mis à la porte, parce ce que je n’avais plus les moyens de débarrasser assez rapidement l’espace l’année dernière.
Nous les artistes, les purs et durs, nous créons des merveilles, avec ces bulle de vie qui bouillonnent dans notre sang à travers le corps du poète, dans le couloir de nos vies, la beauté existe encore à travers notre liberté. C’est l’arbre et ses feuilles sources de plénitude dans le brouillard matinal de nos vies qui donne cette force de création et permet d’oublier les contrariétés.
Voilà, je serai présent à Arles malgré tout cette année (voir affiche). Location d’un espace 2000€ le mois de juillet, puis encore 2000€ le mois août, plus un petit aménagement de cimaises et d’éclairages.
Que du bonheur. Amitié Serge
Marseille, mardi 3 mai 2022

 

Nul n’est prophète dans sa ville, son pays.

Né à Oppède-le-Vieux, dans le Luberon, j’ai crée, depuis Marseille, ma ville d’adoption, une œuvre d’art universelle en correspondance les textes de mes amis poètes et écrivains.

Aucune institution ne s’est intéressée à mon travail d’auteur et tout a été réalisé avec mon argent personnel. Les musées marseillais ou nationaux ne m’ont apporté aucun soutien, car je ne fais pas partie de l’intelligentsia.

Je suis un homme libre. En 1984, grâce à l’amitié qu’ils me portaient, Edmonde Charles Roux et son mari Gaston Defferre m’ont fait l’honneur de m’attribuer la Salle Allende à la Vieille Charité. Edmonde Charles Roux a écrit plusieurs textes sur mes travaux photographiques, notamment sur « La Corse Buissonnière » et « Good Mistral », le quartier des Goudes, ainsi que de très beaux articles.

J’ai financé la totalité de mes 32 expositions ainsi que les ouvrages qui les accompagnaient. Mon métier de reporter photographe m’a permis de vivre de la photographie et de produire en même temps une photographie d’auteur.

J’ai construit mon travail photographique autour de mes envies, en indépendant, mais aussi avec des amitiés sincères: romanciers, essayistes, poètes, universitaires … qui sont entrés dans l’univers de ma photographie en acceptant d’écrire des textes pour accompagner mes images. Entre autres, Jean Andreu, Cyril Anton, Fernando Arrabal, Michel Butor, René Char, Edmonde Charles-Roux, Renato Cristin, Bruna Donatelli, Marie Frisson, Georges Fréris, Lucien Giraudo, Adèle Godefroy, Vicki Goldberg, Philippe Jaccottet, Zhu Jing, Jean Kéhayan, Laurence Kučera, Philippe Larue, Eliahu Lemberger, Ivan Levaï, Jean-Marie Magnan, Louis Mesplé, Bernard Noël, Alain Paire, Robert Pujade, Jean Roudaut, Jean-Maurice Rouquette, Dominique Sampiero, Tereza Siza, Christian Skimao, Abigaíl Suncín et Jean Charles Tacchella.

Aujourd’hui, à bientôt 76 ans, je viens de décider de faire une donation à la MAP (Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine), pour sauver cette œuvre photographique et littéraire unique. Je remercie ses responsables de l’avoir acceptée, c’est un grand bonheur pour moi et tous mes amis cités plus haut, une belle trace de vie qui, je l’espère, continuera à exister après mon départ pour rejoindre mes amis poètes disparus.

Serge Assier, propriétaire d’un ensemble d’archives photographiques produites par lui-même entre les années 1970 et 2022 souhaite donc en faire don à l’État, pour être conservé à la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine (MAP).

Ce don se compose d’un ensemble de négatifs noir et blanc sur support souple 24×36, 6×6, 9×12, de positifs et négatifs couleur, de planches contact, de tirages de lecture les référençant et d’un ensemble de tirages d’exposition associés à des manuscrits d’écrivains comme René Char, Michel Butor, Fernando Arrabal, Jean Roudaut, Philippe Jaccottet et bien d’autres cités plus haut, ainsi que toutes les correspondances avec ces auteurs avec lesquels j’ai collaboré. Y seront jointes les archives relatives à ma carrière, ainsi qu’un ensemble de justificatifs de publications de ces images.

Une page se tourne sur ma vie, sans rancœur, malgré le peu de soutien des institutions culturelles. J’étais peut-être un homme trop libre.

Mais avec la MAP une nouvelle vie commence pour mes œuvres photographiques et littéraires.

Serge Assier

 

Le Pur Talent de Serge Assier

Que l’on se rassure : Serge Assier n’est pas un poète-photographe maudit. C’est même tout le contraire. Depuis 2022 l’ensemble de son œuvre a été placée sous l’aile protectrice de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (MAP), une belle institution de la région parisienne. Ainsi son travail de photographe multicartes (surtout de presse) a trouvé un lieu de pérennisation pour l’éternité plus un jour. « Laisser une trace » a toujours été l’obsession de l’ami Serge. Le voilà rassuré. La trace s’est désormais muée sillon bien labouré. Outre ses images seront conservés les lettres, les poèmes, les quatrains qui ont jalonné et enrichi sa vie d’artiste. Autant d’originaux signés Michel Butor, Fernando Arrabal, Bernard Noël, Jean Roudaut, David Douglas Duncan, André Villers, Jacques Henri Lartigue, Robert Doisneau et une myriade d’autres noms tombés sous le charme de l’homme sans concession, l’homme libre qui a su résister à tous les pièges de récupération tendus par les politiques, eux qui sont à l’affût des signatures prestigieuses. Ce ne fut pas toujours facile mais le titre d’homme libre, sans compromission, l’homme jugé dangereux parce qu’incontrôlable, est un titre qui se mérite dans la durée et tout au long de ses trente six ans de présence à Arles aucune image n’a été sujette à caution. Quand on est en quête permanente de beauté, de lumière et de poésie aucun vent contraire ne peut s’interposer à la marche du temps. Hélas, l’impensable s’est produit : les bureaucrates de la Maison de la vie associative et les services de la mairie se sont ligués pour, au prétexte d’inondations dans un local de stockage, envoyer aux ordures les cimaises et les vitrines sans autre forme de procès. Mais l’ami Serge n’est pas homme à baisser les bras. Pour pérenniser sa présence et honorer le rendez-vous annuel de ses amis éparpillés de par le monde, il a loué un local à ses frais et il continuera à éditer ses milliers d’affichettes qui signalent sa présence. Petit lieu et exposition réduite. Mais avant que ses archives s’envolent vers d’autres cieux, l’artiste a sélectionné dans ses milliers d’images la quintessence de son travail d’une vie sous le titre « Poésie, Amour, Photojournalisme ». Avec pour fil rouge la rencontre et l’amitié sans ombre avec René Char dont l’ombre tutélaire planera sur ce rendez-vous. Peut-il y avoir meilleur pied de nez à ceux qui croyaient se débarrasser d’un forcené de son travail. Nus artistiques, portraits emplis d’humanité, images d’un show d’Yves Montand et des faits divers comme s’il en pleuvait. Une fois de plus merci à René Char pour avoir donné la foi et la force pour continuer et offrir au public ce nouveau festival de pur talent.

Jean Kehayan
Journaliste et essayiste

 

Serge Assier
1 juillet – 25 aout 2022
La Galerie
12 boulevard Victor Hugo
13200 Arles, France

Entre Croisière et l’Ecole de la Photographie en face Luma

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