Rechercher un article

Arles 2017 : Kate Barry, photographe méconnue, images délicates

Preview

La photographe britannique Kate Barry, fille de Jane Birkin, disparue prématurément en décembre 2013 à l’âge de 46 ans, laisse derrière elle une œuvre photographique remarquable et pourtant méconnue du grand public. Au-delà des portraits de stars et de mode qui ont constitué le cœur de sa carrière professionnelle et ont participé à sa reconnaissance, elle a mené dans la plus grande discrétion un travail photographique personnel tout en délicatesse et en fragilité, composé essentiellement de paysages, qu’elle savait contempler, dans le silence et la solitude, en retrait. « Ne plus me rapprocher des visages », avait expliqué Kate Barry. « J’avais l’impression d’usurper l’émotion de l’autre, que je n’étais pas à ma place. J’avais envie de faire tout le contraire pour voir ce qui restait de moi. Duo du portrait. Voir où j’existais sans les autres. Des endroits de désertion, des endroits de mémoire. Comme quand tu es petit et que tu t’allonges – un abandon –, plus de paroles, mais des endroits. Je n’arrive pas à croire que les objets ne retiennent rien. J’aime le dialogue entre objets et structures. » De cette pratique, ont été conservés des tirages réalisés sous son contrôle, des planches contacts découpées, des travaux en couleur minimalistes. Diane Dufour et Fannie Escoulen, du Bal à Paris, nous font découvrir à Arles cet aspect insondable du travail de Kate Barry, dans une exposition et un livre associé publié chez Xavier Barral. Aussi, se sont glissés quelques textes, mots, correspondances, ainsi que des morceaux de films réalisés lors d’un voyage à Savannah en 2007 avec Jean Rolin sur les traces d’une auteure qu’elle admirait, Flannery O’Connor. Autant d’indices permettant aujourd’hui de remonter le fil d’une œuvre inachevée. Dans le livre est inscrit l’un des plus beaux messages de Kate Barry, que l’on peut aujourd’hui associer à ces images attentives : « Ce ne sont pas des murs, mais une façade. Pas comme la peau. La façade emporte une trace – je n’en sais rien –, c’est instinctif. Je suis attirée vers un point commun dans tous ces éléments : de grands témoins massifs, des constructions qui se tiennent plus ou moins droites, des silos à bords ronds. Mais je ne pense pas à tout ça quand je fais des trucs – à rien du tout. Dans l’instant, tu fais le vide. Honnêtement, les photos ne prétendent à rien. Je ne suis pas nostalgique. Elles sont comme de grands arbres, mais sans vie, sans printemps. Ça vit autrement, les pierres. »

Kate Barry
Festival des Rencontres de la Photographie d’Arles 2017
Du 3 juillet au 24 septembre 2017
Arles, France

www.rencontres-arles.com

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android