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Arles 2012 – Off: Ulrich Lebeuf

C’est en bordure des arènes, au n°45.
Il y a de la terre battue, des gravats, et c’est merveilleux.

Des fauteuils disposés de part et d’autre en bas accueillent le visiteur, le regardeur. On se sent un peu chez soi, un peu ailleurs, le temps de gravir les quelques marches qui mènent à la salle d’exposition éclairée de lumières blanches.

Sur un mur, une multitude de cadres fait penser à l’accrochage des portraits de famille dans les maisons américaines. La tentation est grande de plonger, de s’immiscer. Ulrich Lebeuf est là et nous échangeons des mots, des phrases autour de sa série qui porte le nom évocateur de Tropiques du Cancer. Une série déconstruite et reconstruite. Une intimité, ici même, est livrée au monde. Ce sont des instants d’une vie qui sont dévoilés. Des polaroids aux couleurs passées, comme délavées par le temps. Des images bousculées, abîmées, sauvées. Les sentiments se mêlent, se démêlent. “Je n’avais pas pensé montrer ces images un jour” me dit-il. “C’est très différent de ce que j’expose habituellement”.”

Ulrich Lebeuf a investi jusqu’au 15 juillet le deuxième étage de la galerie “Le magasin de jouets – Hors les murs”. Dans un lieu en friche, il y présente deux expositions : “Alaska Highway” et “Tropiques du cancer” et profite de l’exposition pour échanger avec les visiteurs sur les aspects de son travail.

Road movie entrepris en 2009 avec le journaliste et écrivain Alexandre Kauffman, “Alaska Highway” nous fait découvrir la dernière route de l’Occident. Construite par les Américains pendant la Seconde Guerre mondiale, des cirques de glace imposent le silence des passants. Une ballade sur près de 2.500 kilomètres. Un road trip dans le silence blanc du Grand Nord.

Pour Alexandre Kauffman le voyage prend une tournure initiatique : “Autour de nous, les glaces, parcourues de veines mauves, plissent comme la peau d’un éléphant : un monde sauvage et solitaire, dans lequel on a le sentiment d’entrer par effraction. Près de la rivière Takhini, un vieux pick-up est arrêté au bord de la chaussée. Un homme au visage buriné, coiffé d’une chapka, s’agite dans les fourrés, couteau à la main. Un élan est allongé devant lui, sans vie. « Je l’ai renversé ce matin, dit-il comme pour se justifier. La chair est excellente. Je vais mettre ça au congélateur : il y en aura pour tout l’hiver… » Il brandit un quartier de viande ensanglanté : « Vous en voulez un peu ? ».”

Les photographies nous font sentir ce bout de terre. A la suite d’une interminable ligne droite, Ulrich Lebeuf nous dévoile Fairbanks, la ville où les routes de l’Occident s’arrêtent. Au-delà, un autre règne commence : l’immensité sauvage, les fleuves endormis, le silence.

Samantha Rouault et Wilfrid Estève

Retrouvez Alaska Highway et “Tropiques du Cancer” d’Ulrich Lebeuf au “magasin de jouets – Hors les murs”.
45, rond-point des arènes 13200 Arles

Jusqu’au 15 juillet
Horaires d’ouverture 10h00-18h00

Contact galerie : Nicolas Havette
[email protected]
www.lemagasindejouets.fr

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