Antanas Sutkus, photographe historique de Lituanie, présenté au coeur de Clermont-Ferrand
L’exposition Antanas Sutkus, un regard libre, réalisée par la galerie du Château d’eau à Toulouse est aujourd’hui diffusée en Auvergne à l’Hôtel Fonfreyde – centre photographique de Clermont-Ferrand, jusqu’au 2 janvier 2019.
Antanas Sutkus – né en 1939 – est le plus célèbre des photographes lituaniens. Il a commencé à photographier pendant son adolescence. Les clichés retrouvés de ses débuts témoignent d’un talent naissant. Il abandonne des études de journaliste pour devenir photographe et fréquente le monde des lettres lituanien. C’est ainsi qu’en 1965, il accompagnera le séjour de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir en Lituanie et qu’il réalisera la photographie la plus célèbre du philosophe (cette image qui a fait le tour du monde est présentée dans l’exposition).
Un grand maître de l’image
Ce photographe est un grand maître de la photographie en noir et blanc argentique : il réalise lui-même les tirages de ses images avec une grande réussite. Sa gestion et les rendus des contrastes dans ses images sont saisissants ; comme on peut le découvrir.
« Vous me demandez pourquoi je suis devenu photographe ? C’est comme si vous me demandiez : Pourquoi ai-je aimé ? Pourquoi ai-je vécu ? » : il présente la Lituanie telle qu’elle est, vue par un poète, qui photographie son pays comme il photographierait sa famille. Sutkus avait su trouver les arguments pour que les autorités acceptent la création d’ une Union des Photographes en Lituanie. Aujourd’hui encore, l’Union des artistes photographes de Lituanie vivifie la création locale en organisant sa présentation en Europe par la participation à des manifestations majeures, ou en accueillant dans ses galeries et festivals des artistes venant d’autres régions du Monde.
« Le travail de Sutkus n’est pas au service d’une propagande. L’ensemble des images de Sutkus ont été réalisées à l’insu de la censure en vigueur en Lituanie et des visas décernés aux images « correctes » par l’agence Tass à l’époque. » explique Jean-Marc Lacabe, directeur de la Galerie du Château d’Eau.
Ce contexte général de contrôle était du même ordre dans tous les pays de l’ex-bloc de l’Est soviétique. Et Antanas Sutkus a su développer une approche personnelle – voire critique – dans un contexte de contrainte politique. Malgré les difficultés d’une expression personnelle à l’époque, on découvre un talentueux photographe de rue, et un bon portraitiste du quotidien. Le grand intérêt des auteurs des pays de l’Est européen est qu’ils ont continué leurs travaux en marge des modes et de manière autonome et déconnectée des grands courant de l’histoire de la photographie occidentale.
Un humanisme rude
Dans la plus grande part de son travail photograophique, l’humain est présent. Si on fait attention à ses images, on ressent le grand intérêt qu’il éprouve envers celles et ceux qu’il photographie ; c’est l’homme qui est au centre de son travail, son rapport au monde, sa place dans les espaces urbains ou ruraux. Mais cet humanisme du photographe est une attention précise, parfois une tendresse, mais certainement pas un optimisme ou un humour béat.
Une rétrospective
L’exposition a été programmée une première fois en 2011 par la galerie du Château d’eau à Toulouse, dirigée par Jean-Marc Lacabe. La sélection et les choix des images restent les mêmes et sont représentatifs de l’ensemble du travail de Sutkus. Même si des images intéressantes viennent de refaire surface éclairent les préoccupations formelles de jeunesse.
« Les lieux d’exposition sont tous différents ; on repense une scénographie adaptée aux cinq salles de l’Hôtel Fontfreyde – centre photographique. On propose à partir d’une même matière initiale un autre déroulé, un autre rythme des images, tout en restant fidèle à l’esprit du travail du photographe » signale François-nicolas L’Hardy, de l’Hôtel Fontfreyde – centre photographique.
Pour les organisateurs, il est juste et nécessaire de contribuer aujourd’hui à la reconnaissance la plus large possible de cette œuvre d’un grand photographe européen. Hasard du calendrier : un grand projet de rétrospective a lieu à la Galerie Nationale d’art contemporain de Vilnius actuellement (l’ouverture a eut lieu le 9 novembre dernier).
Antanas Sutkus, un regard libre
jusqu’au 2 janvier 2019
Hôtel Fontfreyde – centre photographique de Clermont-Ferrand
34 Rue des Gras
63000 Clermont-Ferrand