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André Pharel

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Glaner des images…
Cette série est une collection comme une cueillette. Elle se fait dans cet esprit provençal, dont André a hérité, et qui contient la sagesse d’appartenir au moment présent: au bel instant.
Il recueille ainsi des images, ou des tableaux, plus que des photographies. Parce que, si ce qu’il montre était dans une lumière ou un lieu, ce qu’il dévoile n’existait pas vraiment. La photographie est seulement, par l’empreinte que trace la lumière, ce qui lui permet de révéler un glissement, celui de l’imaginaire qui s’épanche dans le réel…
La constante fascination des lignes, qui alliées aux couleurs atteignent une musicalité, peuple chaque tableau, mais d’autres émerveillements surgissent et sont célébrés. Comme là, le vide, plus présent que ce qui le limite; ici, la matière, vibrant jusqu’à s’effacer et s’oublier; ou encore, la lumière, qui jouant avec une herbe devient traverse d’illumination. Et puis, cette feuille d’or suspendue dans l’obscurité violette…
Cueillir, collecter des pièces du monde est comme l’apparente humilité de la palette d’un peintre, qui discrètement contient tout.
Cette vision du monde est ronde, ronde comme la terre, le soleil, le cercle des saisons et les tourbillons de l’eau. Pour l’inscrire il a fallu l’espace carré de ces tableaux, dans l’intention de traduire un reflet des lois immuables mais fugitives de notre univers.
La plante qui cherche la lumière, celle qui fait un détour pour mieux s’accrocher au mur, les racines qui ont trouvé l’eau…
S’il est de ceux qui ont renoncé aux mythes qui prêtent une âme au fleuve ou à la montagne, il est aussi de ceux qui considèrent que toute existence est fondée sur une intériorité particulière, qui permettant l’équilibre maintient en vie.
Cette forme de conscience de soi du vivant est son véritable endroit car ce que nous voyons de lui n’est jamais ce qui lui permet de vivre, seulement ce qu’il nous laisse paraître: son extérieur, son envers.
Toute chose ainsi, lorsqu’elle est vue, accède à une extériorité; la montrer revient à prendre la responsabilité de transformer symboliquement ce qui existait d’une façon autonome, en quelque chose de regardé.
Il le sait et l’assume jusqu’à ce grand format, qui transforme le détail caché en un monument et l’érige en pilier d’un monde.
Le témoignage de ces parcelles minuscules, pour être subtil ou du moins juste, doit se faire en cohérence avec elles.
Pour être fidèle à ce qui fait l’esprit du lieu, pour ne pas le blesser: nécessité poétique de percevoir et de respecter le point de vue des choses qui l’habitent.
Les montrer de leur propre point de vue? Être leur porte-regard, comme certains se font porte-parole.
L’équilibre parfait alors photographié est la perception évidente de l’unité du lieu.
Bords de sentiers, buissons, broussailles… Peu importe.
Il a appris à s’accorder au temps pour lui obéir volontiers. Attendre une lumière pour comprendre intensément une couleur ou jouer de son absence pour révéler le rayonnement qui émane d’un lieu, ordonner le chaos par le simple regard…S’effacer. Rapport humble et accepté au temps, à la réalité étrange de la lumière. Perception transformée de la matière, qui n’est plus tellement matière mais bientôt vibration.
Ces œuvres sont issues d’une présence particulière au monde, qui exige un retour sur soi dans une dimension plus universelle qu’individuelle. Elles offrent ainsi un regard fondamentalement transformé car débarrassé des constructions intellectuelles; elles sont un retour à une vision première.
En cela, elles demandent à être contemplées plutôt que regardées.

Anne Pharel

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