Résister
Cette série a été réalisée dans le Fort de Queuleu dans les environs de Metz. « Je l’avais visité en 2004 et l’avais mis dans un coin de ma tête », conscient qu’il faudra certainement le traiter différemment. Entre mars 2016 et mai 2017, André Nitschke effectue trois visites guidées du lieu. A ses côtés, il y a déjà les trois danseurs qu’il a choisis pour le projet. « Je connaissais la compagnie Ormone et ses interprètes, Lucile Guin, Aurore Gruel et Alexandre Lipaux, pour avoir déjà travaillé avec eux. Cependant, je les ai choisis le jour où ils m’ont parlé de leur projet « Manipulation », une pièce chorégraphique sur le thème de l’aveuglement et de la confiscation de l’identité. C’est, d’ailleurs, à eux que je dois ces boîtes blanches dont ils se servent dans leur création et que nous avons gardé dans les photos. » C’est très logiquement à quatre qu’ils vont accéder au fonds documentaire prêté par le fort de Queuleu et ressentir ensemble par le biais des nombreux témoignages qu’ils vont lire « la violence et l’inhumanité » de ce camp d’internement où l’on entrait les yeux bandés, les pieds et les mains liés, projeté dans un escalier. Et, pourtant, de cette violence, on ne trouvera aucune trace dans les images d’André Nitschke. Le photographe a volontairement évité toute reconstitution du passé pour se concentrer uniquement sur le corps. Il a certes choisi de montrer un corps entravé, réduit aux gestes les plus simples comme celui de baisser ou de relever la tête, de serrer les poings ou de poser les mains à plat… mais il a aussi choisi, avec ses jeux de transparence et de double-exposition, de montrer la capacité de l’esprit à entrer en résistance, à se libérer de l’atrocité et à perpétuer le souvenir de ceux qui ne sont plus là.
André NITSCHKE est photographe autodidacte, Initié très jeune à la photographie par son père qui fût un temps photoreporter de guerre aux cotés de Marc FLAMENT. Malgré son intérêt de toujours pour la discipline ainsi que toutes les formes d’arts en général ce n’est qu’à partir de 2008 et après l’interruption brutale d’une longue carrière sportive comme athlète, marathonien et éducateur, qu’il débute réellement la photo et se perfectionne dans sa version numérique tout en bénéficiant des conseils artistiques du photographe espagnol Andrès LEJONA . En 2011, il rencontre le ballet de l’Opéra-Théâtre de Metz-Métropôle ce qui va désormais orienter ses travaux sur des projets thématiques associant photo et danse. Depuis 2013, il enchaine les expositions dans le Grand Est et à l’étranger avec notamment des présentations aux Biennales Internationales de l’Image de Nancy (2016), de danse contemporaine en Lorraine (2015 et 2017). En 2019 il remporte le 1er prix Ilford/Lumière/Réponses Photo dans le cadre du 19ème Festival Européen de la Photo de Nu ce qui lui permet d’exposer sa série « Déva » à l’Espace Van Gogh en Arles.
