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Aline Diépois et Thomas Gizolme, une partition visuelle et amoureuse

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Les photographes Aline Diépois et Thomas Gizolme s’exposent à la Galerie VU’, à Paris. Caroline Bénichou, la directrice de l’espace, présente le travail intimiste de ce duo sensible.

S’il n’est pas rare que des photographes collaborent en couple sur des projets ponctuels, il l’est plus qu’ils construisent une œuvre à deux regards. C’est le cas d’Aline Diépois et Thomas Gizolme, qui, depuis plus de dix ans pensent, réalisent, produisent leurs séries ensemble. Pour eux, il ne s’agit pas d’un événement, d’un exercice, d’une prise de risque ou d’un jeu, mais d’une manière d’être au monde et de le regarder. Comme le dit l’expression populaire anglaise, « it takes two to tango », et leur partition visuelle et amoureuse est remarquable à plus d’un titre.

Ils avaient préféré jusqu’ici garder leurs travaux confidentiels. La parution du livre Abstrakt Zermatt l’hiver dernier aux éditions Steidl leur a donné l’élan et l’envie de les montrer. Aussi, alors que nous découvrions leurs photographies intimistes et sensibles, consacrées chaque fois à l’exploration d’un territoire et ses paysages, avons-nous entrepris de montrer deux de leurs séries les plus récentes.

Ils jouent des chimies altérées ou périmées et des petits défauts de fabrication des chambres photographiques home made. Leurs images, souvent oniriques et vaporeuses, confinent parfois à l’abstraction, avec des entrées de lumières, des accidents de chimies qui disent la fragilité des êtres et du monde, les limites de la perception, l’intensité de l’émotion devant un paysage sublime.

Abstrakt Zermatt est une traversée visuelle de la région du Zermatt en Suisse (dont Aline Diépois est originaire), composée des petits tirages polaroids uniques et de tirages de grand format. L’altération des films, l’effet du froid et de l’altitude sur la chimie, avec ça et là, parfois, la trace d’un flocon tombé sur la gélatine, font de leurs images un au-delà de la photographie de paysage, et les inscrivent dans une démarche picturale, imprimant des souvenirs, des traces, des sensations.

White Isles of the South Sea, la deuxième série exposée, relate la disparition des îles Kiribati, petit archipel perdu du Pacifique Sud et condamné par le réchauffement climatique. Les tirages montrent les nuances tendres ou éclatantes de la mer aux différentes heures du jour, les polaroids délicats et troubles disent avec douceur un paradis qui s’éteint et se noie inexorablement. Aline Diépois et Thomas Gizolme accompagnent cette série de prises de sons (vent, sable, vagues qui s’échouent) et d’un film sans paroles. La disparition est tacite mais pourtant présente dans chaque image et les deux artistes viennent avec bienveillance garder quelques traces d’un monde paradisiaque et condamné.

 

Caroline Bénichou

Caroline Benichou est une auteure et commissaire d’exposition spécialisée en photographie. Elle vit et travaille à Paris, où elle dirige la Galerie VU’.

 

 

Aline Diépois et Thomas Gizolme, Abstrakt Zermatt & White Isles of the South Sea
Du 9 février au 3 mars 2018.
Galerie VU’
58 rue Saint Lazare
75009 Paris

www.galerievu.fr

Le livre Abstrakt Zermatt, aux éditions Steidl, accompagne l’exposition.
40€

www.steidl.de

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