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AIPAD 2012 –Julie Saul

Preview

Jour 7

Ce matin, je rencontre Julie Saul – chez elle.
En fait, je devais la voir une semaine auparavant à sa galerie mais elle avait oublié d’amener son image préférée. Du coup elle m’a proposé de venir admirer l’image dans son milieu naturel.
Super idée!
Dans le grand immeuble en brique rouge typiquement new yorkais, le portier en manteau bleu et casquette, m’emmène jusque devant la porte et attend en silence dans l’ascenseur que je sonne… Au bout de deux minutes, dans un grincement, il ressort la tête:
«Pardon mademoiselle, vous avez besoin de quelque chose?»
« Non, merci, juste de deux minutes pour relire mes notes avant d’appuyer sur la sonnette ». Il fronce les sourcils, hausse les épaules et repart dans un grand bruit de grilles et grincement de poulie… J’adore New York !
Notre petite discussion a attiré Vicky le chien de Julie qui jappe et souffle derrière la porte.
Chez Julie, c’est « chou », « sucré », « mignon » – comme diraient les Américains. Complètement envahis de photos, dessins, et cadres vides aussi. Un mur de fenêtres pour 3 murs de photos, du sol au plafond, un vrai tourbillon, des fils électriques qui traînent, une minuscule cuisine là-bas dans le coin, derrière la porte coulissante, et du parquet qui craque. C’est chaleureux, lumineux – un vrai vieil appartement new yorkais en bois avec des arbres derrière les fenêtres.

Quand je lui pose la question de ce qu’on peut voir sur les murs de sa chambre, elle m’y emmène – quel luxe – pour que j’admire par moi même… Vous commencez à me connaître, je n’ai d’yeux que pour le Cameron – Me réveiller tous les jours devant une de ses images – un vrai rêve…
En ce qui concerne son tirage préféré, elle hésite et finit par garder son premier choix: Actors par Paul Nadar. 1890. Selon elle c’est l’allégorie même du marchand d’art…
J’aime son humour.

Merci Julie

De la découverte de la photo à l’ouverture de sa galerie…
Julie raconte qu’elle a découvert l’art avant de s’intéresser plus particulièrement à la photographie. Dès le lycée, elle se forme à l’art, trouve un premier poste au centre culturel de Tampa, Floride – la ville ou elle est née.
En 1979 elle part pour New York, suivre des études artistiques notamment un cursus spécialisé dans les musées.
Son intérêt pour la photographie naît lors d’un cours sur la photographie du Bahaus enseigné à l’Université de New York par Kurt Varnedoe.
Elle écrit son mémoire sur l’artiste hongrois László Moholy-Nagy
Alors qu’elle cumule les stages et interventions, notamment au MoMA et au Met, elle monte deux expositions, une sur Moholy-Nagy au Bronx Museum et une autre, au Tampa Museum, sur l’histoire de la photographie américaine.
Au milieu des années 80, elle a 30 ans. Le marché de l’art en général et de la photographie en particulier n’est pas très développé, tout est à construire. En recherche de travail, Julie décide de s’associer à Nancy Lieberman qui vient du monde de la publicité et souhaite représenter des artistes. Elles travaillent d’abord depuis l’appartement d’une amie, puis montent Lieberman & Saul en 1984.
Ensemble elles représentent Andrew Bush, Sally Gall, Stephaen Frailey, Zeje Berman, Penelope Umbrico, et organisent des expositions dont certaines (The Mirror and the Mask: Jean Cocteau, Constructuing Images: Synapse Between Photography and Sculpture) secoueront le monde de l’art. Elles forment aussi des partenariats, notamment avec Daniel Wolf (galeriste a l’époque) et Marta Gili (Directrice du Jeu de Paume).
In 1992, Nancy part s’installer a Los Angeles, Liebermann & Saul devient Julie Saul Gallery.

Son meilleur souvenir de galeriste…
Elle raconte qu’il y a 20 ans, alors qu’elle voulait organiser une exposition de certaines œuvres de Cocteau, elle a eu affaire à un vendeur d’art de Hambourg qui a accepté de lui prêter les œuvres, puis qui s’est retiré du contrat sans explication.
Harry Lunn lui a alors appris sa plus belle leçon: si elle tenait vraiment à ces images, il fallait qu’elle prenne l’avion et qu’elle aille à Hamburg. C’est ce qu’elle a fait et elle a obtenu les Cocteau.

Son pire souvenir de galeriste…
Julie raconte qu’elle se souvient surtout de petites déceptions, des artistes qu’elle n’a pas pu représenter, des foires d’art qui ont refusé sa participation, ou des ventes annulées. Un regret peut être aussi, celui de n’avoir pas pris plus de risque. Elle ajoute que de toute façon, le risque ça n’est pas son style.
Et puis elle se rappelle d’un épisode absurde mais énervant. Lors de son premier congé maternité, Edna Cardinale – assistante de toujours de Julie – avait recruté une remplaçante. Ce jour-là, l’équipe transporte des tirages entre deux foires à New York. La fille casse son talon. Elle démissionne le lendemain en laissant la galerie ouverte, les clés sur le bureau et une note disant qu’elle ne souhaite plus perdre son temps chez Julie.

Sa première photo achetée à titre personnel ou une photo qui a une importance particulière pour elle…
Actors par Paul Nadar. 1890

Sur le mur de sa chambre…
Atget, Dritikol, Julia Margaret Cameron, Bill Jacobson, Sally Gall.

Si elle était un(e) photographe connu(e)…
Cindy Sherman, qu’elle considère comme la plus importante femme artiste. Et aussi parce qu’elle travaille en studio – Julie dit qu’elle ne se verrait pas travailler en extérieur.

Si elle n’était pas galeriste, que ferait-elle…
Elle rit et répond que si elle avait épousé un homme riche, elle serait prof de littérature anglaise dans un collège.

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