Rechercher un article

AIPAD 2012 –Hans Kraus

Preview

Jour 5
Je voulais y aller depuis longtemps – si, c’est vrai. Au moins depuis mes études de littérature Anglaise (époque Victorienne) à Paris X Nanterre. Oui.
J’y avais appris que Lewis Caroll n’était pas seulement écrivain et que la petite troupe de Virginia Woolf fricotait régulièrement avec l’image. Alors l’expo de Julia Margaret Cameron chez Hans Kraus j’avais très envie de la voir. Sauf qu’il fallait prendre rendez-vous et que je n’ai jamais osé. Dérange-t-on un grand galeriste quand on souhaite juste regarder ?
Et bien j’ai eu tort.
Je l’ai su dès que j’ai vu dans un coin de l’entrée le fameux balai – clin d’oeil humoristique à William Henry Fox Talbot et dont Hans a fait l’ange gardien de sa galerie – et les fantastiques plantes de l’exposition Flora grimper le long des murs.
Chez Hans, tout est diffèrent, les murs sont bleu-gris, les rideaux baissés et les lumières tamisées surement pour mieux préserver les fragiles trésors de sa collection. En bas de l’escalier, le buste de Patroclus veille – Talbot encore qui s’en servait comme modèle pour ses expérimentations photographiques. Et partout le silence… Comme si la ville avait disparu et que le temps s’accordait enfin une pause.

Et puis Hans descend de son bureau, on entre immédiatement dans la discussion, sa fascination pour les premiers tirages – surtout les calotypes – exemplaires rares messagers d’un autre temps.
Le shoot se déroule simplement. Shelley Dowell – collaboratrice de Hans – entre et se mue en conseillère vestimentaire: cravate? Pas cravate? Echarpe? Ou peut-être veste? Je suis trop fascinée par la conversation muette que je vois dans l’objectif entre Hans et Patroclus pour l’aider, mon doigt presse le déclencheur encore et encore…

Entre 2 clics, je lui avoue mon attirance pour le travail de Cameron, ma déception d’avoir raté l’exposition quelques semaines auparavant. Il lève la tête, sourit et me fait signe de le suivre. Il m’emmène loin des enregistreurs dans une annexe de sa galerie où trônent 6 portraits (tirage sur papier albuminé d’après plaque de négatif au collodion humide) pris par Cameron dans son atelier de l’Ile de Wight – dont le fameux portrait au regard transparent de la mère de Virginia Woolf.
J’en ai une poussière dans l’oeil dis donc. Quelles merveilles…
Je m’arrête fascinée sur le portrait d’un vieil homme enroulé dans ce qui semble être une couverture sombre. Hans me raconte que c’est Henry Wadsworth Longfellow, le grand poète américain. Il était sur l’Ile de Wight – où résidait et travaillait Cameron – pour rendre visite à leur ami commun Lord Alfred Tennyson. L’histoire dit que Tennyson a “livré” Longfellow à Cameron avec ces mots:
« Voici Longfellow, vous le connaissiez de nom, maintenant vous le voyez en vrai. Je vous laisse. Longfellow, vous devrez faire tout ce qu’elle vous dit. Je reviendrai dans peu de temps voir ce qu’il reste de vous ! »

Quand je sors de chez Hans, il pleut à verse – Je n’ai pas de parapluie… Mais quelle importance? Il devait pleuvoir souvent sur l’ile de Wight…
Merci Hans

De la découverte de la photo à l’ouverture de sa galerie…
Hans dit avoir toujours été attiré par la photographie à un très jeune âge et ce malgré la place que son célèbre père lui avait préparée dans le monde du livre.
Tout jeune photographe, il est un grand admirateur d’Ansel Adams, jusqu’au jour où – dit il – il se rend compte qu’il est médiocre photographe et qu’il ne sera jamais à la hauteur de son héros. C’est là qu’il commence à s’intéresser à l’histoire de la photographie, et plus précisément à ce qui existait avant les négatifs d’Adams.
Il découvre Daguerre et ses tirages uniques mais se concentre vite sur les premières formes de négatifs reproductibles et notamment les calotypes de Talbot.
Ses recherches le mènent dans les collections des grands musées ou de nombreux tirages de cette période sont visibles. Il décide alors de s’atteler au marché des collectionneurs intéressés par la photographie d’avant 1860.
Il parfait sa connaissance de l’histoire de la photographie chez Christie’s à Londres puis à New York.
Il crée sa galerie Hans P. kraus, JR. Fine Photographs en 1984.

Son meilleur souvenir de galeriste…
Hans raconte qu’en 2011, un homme proche de la famille de Cameron l’a informé que de nombreuses œuvres de l’artiste s’étaient transmises de génération en génération et étaient donc toujours en possession de ses descendants. Hans a ainsi pu acquérir 40 images de cette précieuse collection.

Sa première photo achetée à titre personnel ou une photo qui a une importance particulière pour lui…
Sa première photo achetée était Moonrise over Hernandez par Ansel Adams en 1977.
Il dit l’avoir vendue pour prouver à son père que la photographie était un business viable. Il ajoute qu’il se souvient toujours des tirages qu’il acquiert, même s’il les revend, que d’une certaine manière ces images feront toujours partie de lui.

Son choix de cœur est The Ladder de William Henry Fox Talbot – la seule qui met en scène des humains – tirée de sa première publication The Pencil Of Nature sorti en 1844. Ce livre est considéré comme le tout premier ouvrage illustré de photographies. Il proposait 24 plaques photographiques (architecture, natures mortes, portrait) ainsi que de nombreux textes sur les innovations de Talbot. Il fut une vraie évolution dans le monde livre et de la photographie et participa activement à l’effort constant de Talbot pour présenter la photographie comme un art et non seulement comme un outil documentaire ou scientifique.
C’est une des images les plus célébrées de Talbot. Hans dit qu’il en existe d’autres tirages, mais aucun d’aussi bonne qualité.

Sur le mur de sa chambre…
Des images réalisées par sa femme, la grande portraitiste Mariana Cook.

Si il était un(e) photographe connu(e)…
Je n’ai pas posé cette question à Hans et je ne me permettrai pas bien sûr de répondre à sa place, mais j’ai ma petite idée… ☺

Si il n’était pas galeriste, que ferait-il…
Il serait collectionneur même si en réalité il l’est déjà de par son travail de galeriste.

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android