L’Académie de France à Rome – Villa Médicis présente cet automne l’exposition Comme un chien qui danse qui met à l’honneur le travail, sur près de 30 ans, de l’artiste et ancienne pensionnaire de la Villa Médicis Natacha Lesueur (promotion 2002-2003).
L’œuvre de Natacha Lesueur est essentiellement photographique. Ses préoccupations artistiques s’articulent autour du corps, de l’apparence, de l’apparat et de la relation intime que l’enveloppe corporelle et son intériorité entretiennent. À travers des séries d’images construites comme des tableaux, le corps est soumis à différents traitements qui relèvent à la fois de la contrainte, de la mise en scène et du masque.
Présentée sous le commissariat de Christian Bernard, l’exposition se déploie sous la forme d’un récit visuel et thématique qui rassemble plus de 80 pièces de l’artiste, à la fois historiques et inédites, offrant un regard intime sur son travail autour de l’image et de ses enjeux plastiques et politiques.
La dimension ironique du titre emprunté au livre de Virginia Woolf Une chambre à soi* exprime pleinement sa conscience de femme artiste et donne le ton d’une exposition où l’incongru et l’extravagant sont traités avec le plus grand sérieux.
Depuis les premières pièces historiques (1993–1998), jusqu’à la toute récente série des fées-mariées (Les humeurs des fées, 2020-21), en passant par les travaux consacrés à l’actrice brésilienne Carmen Miranda, figure légendaire du cinéma hollywoodien des années 40, les représentations du féminin habitent l’exposition, souvent inquiétantes, toujours ambiguës. Par le biais d’interventions sur des marqueurs identitaires distinctifs, enveloppes capillaires et vestimentaires, véhicules et symboles des mascarades de la féminité, par l’exploration des rôles dédiés et modèles normatifs – mariée, mère, princesse, actrice, danseuse, etc. – par la subversion des injonctions à la beauté, jeunesse ou minceur, Natacha Lesueur cherche à révéler, non sans humour, les manifestations de l’expression d’une astreinte sociale et culturelle. Coiffures empesées, chevelures accessoirisées, maquillage XXL et postiches alimentaires sont autant d’énigmes récurrentes dans les tableaux-récits exposés à la Villa Médicis.
Comme un chien qui danse dépasse également les frontières du médium photographique pour explorer d’autres aspects de la production artistique de Natacha Lesueur : sculptures-fontaines en céramique, vases en faïence, dessins et œuvres vidéo ponctuent l’exposition, en dialogue avec les séries photographiques, comme une manière d’interroger l’expérience de l’image et la fixité des formes.
Figures énigmatiques de fées et de mariées ou portraits féminins familiers qui s’exposent aux regards tout en s’y dérobant : l’exposition Comme un chien qui danse propose une généalogie féminine personnelle et culturelle de l’artiste, « une œuvre multiple, déroulée dans un parcours scandé par ses usages singuliers de l’étrange et de l’ambigu », pour reprendre les termes du commissaire Christian Bernard.
Natacha Lesueur : Comme un chien qui danse
13 octobre 2021 – 9 janvier 2022
Académie de France à Rome – Villa Médicis
Viale della Trinità dei Monti, 1
00187 Rome
