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Hommage à l’artiste hongrois peu orthodoxe Tibor Hajas

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Il n’y pas si longtemps, l’histoire canonique de l’art conceptuel des années 1960 et 1970 était un récit qui se limitait à l’Amérique du Nord et aux artistes d’Europe occidentale. Heureusement, depuis la fin des années 1990, les narrateurs de cette histoire ont étendu leur répertoire, et l’art conceptuel d’Europe de l’Est – celui d’autres terres que celles de Sol le Witt ou Richard Hamilton, respectivement – a reçu l’espace qu’il méritait dans nos musées et nos galeries. Cette année marquant le 100ème anniversaire de la Révolution Russe, elle a vu dans le monde entier de nombreuses expositions consacrées à des artistes de l’ancien Bloc Sovétique. Tandis que se déroule la Biennale de Venise, même à Londres, la digne et discrète galerie Austin/Desmond Fine Art rend hommage pendant encore une semaine au représentant du pavillon Hongrois, Tibor Hajas (1946-1980).

Hajas est un réalisateur, performeur et poète mort tragiquement jeune mais considéré comme l’un des artistes hongrois les plus importants de sa génération. A une époque où, comme le souligne l’exposition Austin/Desmond, le régime autoritaire soviétique avait la mainmise sur son peuple, l’art était une question de vie ou de mort pour Hajas. Dans ses performances dont témoignent les petites photographies de son collaborateur János Vető, le corps nu d’Hajas vient s’écraser sur un fond illustré de violentes traces de peintures semblant suivre son propre frénétisme. Le désespoir qu’expriment ces « Flesh Paintings » (« Toiles de chair ») ne peut être détaché de leur contexte politique et social. Inspirées par les actionnistes viennois et le body art – galvanisées par leurs pairs, dont Marina Abromovich – les formes d’expression peu orthodoxes de Hajas sont aussi proches qu’il n’était possible de le faire artistiquement à l’époque de se libérer des dogmes oppressifs de l’Etat.

Il faut noter que presque toutes les photos de cette exposition ont été faites à l’intérieur d’appartements – seul espace privé dans une société où l’Etat souhaitait que tous les espaces soient publics. Les appartements servaient également de salons pour les communautés artistiques non conformistes, et la photographie, qui pouvait être facilement exposée (et cachée si nécessaire) était pour Hajas le meilleur moyen pour montrer ses performances de nu et ses toiles à grande échelle. C’est pourquoi l’intimiste salle du bas chez Austin/Desmond se prête tant aux photographies légères mais remarquables qui font cette exposition. On peut voir par ailleurs à l’étage un triptyque montrant l’artiste recroquevillé sur un trottoir public, qui pose la question de la frontière entre l’art et la vie. Un triangle blanc abstrait recouvre chaque photo, rappelant le vocabulaire avant-gardiste de Malevitch et indiquant le besoin urgent de trouver de nouvelles possibilités de communications sous un régime répressif. Il ne fait aucun doute que vous quitterez l’exposition en ayant pleinement conscience du rôle de notre liberté d’expression.

Sooanne Berner

Sooanne Berner est cadre Ventes et Marketting chez MACK, à Londres.

 

Tibor Hajas : Action Works
Du 19 mai 2017 au 30 juin 2017
Austin / Desmond Fine Art
68-69 Great Russell St.
Bloomsbury
Londres WC1B 3BN
Royaume Uni

http://www.austindesmond.com/

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