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A Passage With Penn

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C’était en 1980 – j’avais 27 ans et j’écrivis à Irving Penn, pour lui demander si je pouvais venir le voir. Je venais juste de rentrer de Paris où j’avais passé quatre années à exercer en tant que photographe, imprimeur et directeur de galerie. Je lançais une maison d’édition pour produire des livres de grands photographes. Je voulais faire vibrer les images sur les pages de mes ouvrages. Je rêvais de publier le travail de Penn. Il avait 63 ans, il était au sommet de son art après quarante ans de carrière, et je le révérais comme un grand maître. Il me fit une réponse manuscrite, ce qui ne manqua pas de m’impressionner, m’invitant à le rencontrer pour partager un sandwich dans son studio. Je vins avec mon premier livre, et il ne le regarda pas plus de trente secondes, le ferma et me le rendit, me déclarant courtoisement mais fermement : « Merci, M. Callaway, mais je ne suis pas intéressé par le genre de livre que vous produisez. » Le rendez-vous était terminé, et ne sachant pas que dire alors que je battais en retraite vers la sortie, je lui demandais : « Pourrais-je vous montrer mon prochain livre ? Peut-être que vous l’apprécierez plus. » Il sourit et me répondit : « Oui, quand vous voudrez. »

Et pendant les deux années suivantes, régulièrement, je lui apportais mon dernier livre. Chaque fois, il le considérait attentivement, parfois avec une loupe, et me mitraillait de questions sur la méthode d’impression, le papier utilisé, la qualité de l’encre, le volume du tirage. Bien sûr, je l’appelais M. Penn, comme tout le monde le faisait. Il m’appelait M. Callaway. Je crois que Penn voyait en moi un apprenti et un disciple, qui était aussi obsédé qu’il l’était par le fait de faire chanter la photographie sur le papier.

En 1982, je publiais un livre sur Alfred Stieglitz. J’appris plus tard que Penn était allé voir Stieglitz à An American Place dans les années 30, et photographia par la suite Georgia O’Keefe (dont j’ai publié le travail plus tard). Le livre fut publié selon les plus critères de fidélité les plus exigeants. Chaque plaque était testée à l’encre avant d’être pressée (imprimée avant d’être imprimée !), la tonalité et la couleur correspondait précisément à l’original, le texte était imprimé en monotype et le papier était fabriqué spécialement pour obtenir une texture, une teinte et un poids particuliers. Je n’avais pas dit à M. Penn que je travaillais sur ce livre, mais je lui amenais la première copie présentable. Il resta sans voix, regarda chaque tirage silencieusement, et après trente minutes, il releva les yeux, tendit sa main, et me dit : « Félicitations, Nicholas, c’est un excellent travail ». C’était la première fois (et l’une des seules) qu’il m’appelait Nicholas.

Lire la suite de l’article dans la version anglaise de L’Oeil de la Photographie. 

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