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40 ans de photojournalisme, génération agences, par Michel Setboun et Marie Cousin #8

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Cette image est extraite du troisième livre de Michel Setboun et Marie Cousin sur les agences. Le livre est intitulé 40 ans de photojournalisme, génération agences. 80 photoreporters ont choisi et commentent une image emblématique de leur parcours. L’image que nous publions aujourd’hui est une photographie réalisée par Fabio Cuttica.

Carmen Rosa est une femme aymara, issue d’un peuple originaire des rives du lac Titicaca, en Bolivie. Comme beaucoup d’autres, elle s’habille de jupons, de châles colorés et d’un chapeau melon traditionnel. Mais Carmen Rosa est aussi l’une des plus célèbres “cholitas luchadoras”, une lutteuse de catch d’un genre nouveau.
En 2009, à La Paz, j’apprends l’existence d’un spectacle hebdomadaire, Los Titanes del ring. Tous les dimanches, dans un petit stade de banlieue, des femmes en habits traditionnels s’affrontent sur un ring devant des centaines de spectateurs.
Carmen Rosa s’entraîne chaque jour pour préparer le spectacle du week-end. Pour qu’elle puisse pratiquer chez elle, son mari l’a aidée à installer un ring dans la cour de leur maison. Je travaille à un reportage sur les cholitas luchadoras quand je rencontre Carmen. Elle m’invite à assister à l’un de ses entraînements quotidiens. Ce jour-là, Carmen lutte contre Julia, qu’on peut voir accrochée aux cordes. Sont également présents son mari et un assistant. Je suis né en Italie, mais j’ai grandi au Pérou et en Colombie. J’ai un contact particulier avec tout ce qui touche à l’Amérique du Sud. J’éprouve pour ses habitants une profonde empathie que je ne ressens nulle part ailleurs. Cette photo reflète le milieu dans lequel ces femmes s’entraînent et vivent au quotidien. À première vue, l’histoire peut avoir un aspect bizarre ou folklorique, mais c’est plus complexe que ça ; les femmes aymara occupent un rôle fondamental dans la société bolivienne. Elles sont à la fois des commerçantes très qualifiées et des piliers au sein de leur famille. Mais la Bolivie est l’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine, et les possibilités sont peu nombreuses pour les femmes. Pour une Aymara, devenir lutteuse et participer au spectacle des cholitas représente un apport important pour le revenu de la famille.

Propos recueillis par Coline Bérard.

 

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