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William Gedney, une œuvre discrète

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Après l’exposition Notes sur l’asphalte, une Amérique mobile et précaire en février dernier, le Pavillon Populaire, à Montpellier, poursuit sa saison consacrée à la photographie américaine avec une exposition intitulée William Gedney : Only the Lonely, 1955-1984, du 28 juin au 17 septembre 2017.

William Gedney (1932-1989) est sans doute l’un des photographes les plus mystérieux et les moins connus de la génération américaine parvenue à maturité dans les années 1960 à 1980. Une situation qui peut sans doute être expliquée par une absence volontaire d’autopromotion et une certaine discrétion. Gedney n’eut droit, de son vivant, qu’à une seule exposition réduite (42 tirages) au prestigieux MoMA de New York. Aucune publication significative de ses images n’a accompagné sa carrière.

Cette rétrospective complète, consacrée à un artiste dont l’œuvre est aussi méconnue en Europe qu’aux États-Unis, est réalisée à partir des archives de William Gedney, déposées à la David M. Rubenstein Rare Book & Manuscript Library, à l’Université Duke de Durham, en Caroline du Nord. On y trouve des photographies prises en Inde ou au Kentucky, des reportages des parades gays dans les années 1980, ou la documentation des mouvements hippies de San Francisco. William Gedney est ainsi un adepte de la photographie de rue, des corps et des visages.

L’exposition composée de 208 photographies est représentative de l’exigence de l’Américain. Gilles Mora, commissaire de l’exposition et directeur artistique du Pavillon Populaire, explique : « Il existe une “méthode“ Gedney, une façon particulière de se positionner devant le réel, ce matériau dont dépend tout photographe documentaire. On peut lui donner le nom “d’immersion“, tant elle implique une forte connivence entre l’opérateur et son sujet, à un degré d’intimité que peu de photographes envisageraient de nos jours. Son instrument stylistique est celui d’une photographie documentaire, directe, en noir et blanc, au petit format, jamais tentée par autre chose qu’une vision sans apprêts, mais de plus en plus efficace, du réel. Celle que pratiquaient avant lui, et en même temps que lui, un certain nombre d’opérateurs, marqués au sceau de ce qu’on appellera la street photography, adaptée depuis la fin des années 30 à un territoire photographique défini par la société américaine, au sens le plus large, mais aussi, chez Gedney, par l’Inde, l’Europe, ou, encore, par des affinités intellectuelles, voire sexuelles. Only the Lonely, titre d’un standard du rock américain de 1960, illustre parfaitement la personnalité secrète et farouchement solitaire de William Gedney. Son œuvre est magistrale par sa qualité, sa technique, sa sensibilité, sa sensualité même, proche de certains de ses contemporains, son amie Diane Arbus ou Robert Frank, mais porteuse d’une vision unique ».

Autodidacte, persuadé que la photographie constituait un moyen d’expression aussi efficace que la littérature (accompagnant d’ailleurs son œuvre de multiples écrits, journaux, critiques, aphorismes), Gedney, superbe photographe des hommes, est aussi bien porté vers les sujets ruraux – son travail sur le Kentucky, à la fin des années 1950, est un bel exemple – qu’urbains : New York, où il vit le plus souvent, offre un champ d’action unique, comme à beaucoup de photographes de sa génération. Tenté par la photographie de nuit, s’attachant à la sensualité diffuse qu’il trouve dans ses sujets adolescents, Gedney se construit un style tout sauf spectaculaire, souvent marqué par son rapport intime au monde, et que dirige de plus en plus son homosexualité cachée qui ne se révèlera qu’à sa mort : il fut l’une des premières victimes du SIDA.

William Gedney : Only the Lonely, 1955-1984
Du 28 juin au 17 septembre 2017
Pavillon Populaire
121 Allée de Jerusalem
34000 Montpellier
France

www.montpellier.fr

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