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Vlad Sokhin : Crying Meri

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Immédiatement au nord de l’Australie, on trouve la Papouasie Nouvelle-Guinée (PNG). L’extrême pointe de cette île est située à moins de cinq kilomètres des côtes australiennes. Pourtant la vie des femmes dans cette nation insulaire est à des années-lumière de celles de leurs voisines australiennes.

En Papouasie, près de 95 % des femmes, appelées “meri” dans le dialecte local, travaillent dans des fermes pour subvenir aux besoins de leurs familles. Leur vie est dure dans tous les sens du terme, et elles ont peu d’opportunités de se libérer de leur condition du fait des restrictions dues à la tradition, à la pauvreté, à la superstition et au manque d’éducation.

Comme si ces fardeaux n’étaient pas suffisants, les femmes de Papouasie sont aussi sujettes à des violences domestiques et à des agressions sexuelles dans des proportions qui semblent inconcevables ; plus de deux tiers d’entre elles souffrent d’abus horribles de la part de leur mari, et beaucoup restent défigurées après avoir été attaquées avec des couteaux et des haches. Cinquante pour cent des femmes de Papouasie Nouvelle-Guinée ont été agressées sexuellement, mais ces chiffres augmentent exponentiellement dans les provinces les plus reculées, où dans certaines zones, 100% des femmes sondées ont été violées. Le viol est endémique et sert de droit de passage pour les gangs Raskol qui rôdent dans les rues de la capitale, Port Moresby.

Pourtant les statistiques peuvent paraître dérisoires quand les chiffres cités sont si chargés d’émotions qu’ils deviennent incompréhensibles ; il est bien beau de parler de proportions endémiques ou d’affirmer, comme le fait l’Onu, que les femmes de Papouasie font face aux plus hauts niveaux de violence dans le monde. Mais qu’est-ce que signifient vraiment ces chiffres de 50, 90 ou 100 pour cent ?

Ouvrez le nouveau livre du photographe documentaire Vlad Sokhin, Crying Meri: Violence Against Women in Papua New Guinea, et très rapidement, les statistiques deviendront des êtres humains, des femmes dont la vie a été brisée comme l’ont été leurs os. Leur corps est marqué à jamais et leurs yeux traduisent silencieusement la terreur provoquée par les nombreux coups et agressions, beaucoup infligés des mains mêmes des membres de leurs familles. Regarder ailleurs, c’est leur dénier une voix, que Sokhin a travaillé sans relâche à leur offrir.

Sokhin, qui est d’origine russo-portugaise, dit qu’il a découvert cette réalité par hasard en 2011 quand il s’est installé en Australie. « Quand vous êtes free-lance, vous recherchez des sujets. Je lisais des choses à propos de la Papouasie Nouvelle-Guinée quand je suis tombé sur une étude sur la violence contre les femmes âgées d’une vingtaine d’années. Cette étude affirmait que dans certaines zones, presque 99 % des femmes étaient sujettes à des formes de violence, y compris des actes liés à des accusations de sorcellerie. J’ai trouvé cela très choquant. En tant que photographe, j’ai commencé à chercher les preuves en images de cette violence et je n’ai rien trouvé d’autre que des clichés isolés qui accompagnaient quelques articles. Il m’a alors semblé que personne n’était vraiment intéressé par la question ou n’avait eu l’opportunité de la traiter jusque-là, et je me suis dit, eh bien, pourquoi pas moi ? »

Après avoir proposé le sujet à quelques publications, et n’avoir obtenu aucune réponse, Sokhin a décidé de prendre un risque et de se lancer seul.

LIVRE
Crying Meri: Violence Against Women in Papua New Guinea
de Vlad Sokhin
Editions FotoEvidence
97 photographies couleur/127 pages
$50

http://www.vladsokhin.com
http://www.fotoevidence.com 

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