Rechercher un article

Visa pour Image 2020 / ESJ PRO : Nicolas Jimenez : « Mon travail, c’est de faire du journalisme »

Preview

Directeur de la photographie au Monde, Nicolas Jimenez est en voyage d’affaires à Visa pour l’Image. « Le seul endroit au monde où l’on peut rencontrer des gens de tous les pays et de différents univers. » Il rencontre agents et photographes, en quête de potentiels collaborateurs.

Aux commandes du service photo du quotidien Le Monde depuis janvier 2009, les journées de Nicolas Jimenez commencent à 7 h. « Une réunion avec le boss et les chefs de service. » Le quotidien sort en kiosque l’après-midi. « On boucle à 10 h 30 le journal du jour. Après une petite heure de battement, on part sur une conférence de rédaction pour le journal du lendemain. » Son travail : décider et diriger. « Avec mes collaborateurs, nous choisissons les sujets à traiter et fixons un cap à suivre. Pareil pour la photo. Je dirige les photojournalistes et une fois le travail de terrain effectué, tout remonte vers moi. » Après les débats animés pour le choix de la Une, vers 17 h 30, « mon job est essentiellement d’étudier les photos et de prendre la décision de publier, même si elle devra être validée en aval par le directeur du quotidien. »

Etudiant, il s’intéressait plus à la diplomatie qu’à la photographie. « Je ne sais pas comment marche un appareil photo, et ça ne m’intéresse pas. Mon travail, c’est de faire du journalisme. Mais j’ai toujours eu beaucoup d’intérêt pour l’information par l’image. » Un job d’été au tout début des années 2000, à Visa, a rempli son carnet d’adresses. Un premier poste de rédacteur photo au Monde et le soutien de Raphaëlle Bacqué lui ont mis le pied à l’étrier.

Un équilibre entre l’esthétisme et l’information brute

Son métier, Nicolas Jimenez l’aborde de façon pragmatique. « Si l’on me présente une photo pour illustrer un sujet, mon choix ne s’orientera jamais vers l’image la mieux construite, la plus parfaite. Il y a un équilibre à trouver entre l’esthétisme et l’information. Sinon, je refuse de la publier. » Des choix qui mènent souvent à « des discussions houleuses » au sein de la rédaction, mais qui permettent « de valoriser le papier qui accompagne la photo, surtout pour un journal comme le nôtre, dans lequel la photographie a longtemps été reléguée au second plan. »

L’émotion, ennemie de ce qui est juste

Savoir trancher, cela fait partie des obligations du métier. Raconter l’information sans détour, ni retouches : « Au Monde, il n’y a jamais de retouches. C’est banni. » Nicolas Jimenez se positionne fermement sur la question de ce que doit montrer une photographie. « Il faut restituer quelque chose de juste, et l’émotion en est l’ennemi. » Y compris quand il s’agit d’un évènement comme les attentats contre Charlie Hebdo ? « On ne va pas balancer les photos des locaux juste après la tuerie, même si elles sont en notre possession. Pour autant, l’actualité est ce qu’elle est, et même quand elle est dure, je pense qu’il est important de la montrer. Le petit Aylan, les corps sur le sol après les attentats de Nice, c’est nécessaire de voir ces images, aussi insoutenables qu’elles puissent être. Si on reste dans la déontologie, et que les photos sont regardables et efficaces, on publie. »

Le secret d’une bonne photo ?

Les photojournalistes sont nombreux et les places sont chères. « On est dix fois plus sollicité qu’il y a une dizaine d’années. Je reçois entre 300 et 450 mails par jour de gens qui ont traité un sujet et qui nous demandent si nous sommes intéressés. » Son rapport avec les photographes, il le conçoit comme une relation de fidélité. Ça ne veut pas dire qu’il les embauche en CDD ou en CDI. « Ce sont des professionnels qui excellent car ils sont passionnés. » Et la précarité des photoreporters ? » La réalité est qu’il y a beaucoup de photojournalistes qui courent les rues et qui ont du mal à en vivre. »

Nicolas Jimenez finit par livrer son petit secret, ce que son œil de journaliste repère dans les photos. « Déceler tous les petits détails pour faire la différence. En politique par exemple, c’est toujours les mêmes personnalités, les mêmes lieux. Quand on a un intérêt pour le sujet et qu’on est là régulièrement, on est dans les tous petits détails, un profil, une expression, un angle. Voilà ce qu’est une bonne photo. »

Yann Douyere

 

https://www.visapourlimage.com/

www.esj-pro.fr

 

 

 

 

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android