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Triennial of Photography Hamburg : Un voyage, seconde partie

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Après un premier tour d’Hambourg qui nous a emmené d’une bâtisse bourgeoise du quartier d’Altona à l’impressionnant Museum d’histoire en passant par le Musée des beaux-arts, du travail ou de l’ethnologie… Nous continuons notre périple pour découvrir les six dernières expositions qui composent cette ambitieuse édition de la Triennale photographique d’Hambourg.

Avant de retourner dans le centre d’Hambourg et de lever la tête sur cette fascinante architecture, à la fois moderne, industrielle et authentique, l’exposition consacrée à Charlotte March nous invite à découvrir le quartier de  Hambourg-Harbourg. C’est au sud de la ville, dans la Collection Falckenberg, que la photographe, connue notamment pour ses photos de mode, se dévoile. Mais c’est par ses clichés de scènes de vie, de rues, prises dans les années 50 entre deux séances de photos, que les commissaires ont choisis d’accueillir les visiteurs. Des photos humanistes, proches qui contrastent avec la sophistication de ses photographies de mode, présentées à l’étage. Un moyen de découvrir la valeur insoupçonnée des photos méconnues de la photographe d’Hambourg.

Né à Hambourg lui aussi, le photographe Albert List a deux expositions qui retracent l’œuvre foisonnante de celui qui s’est toujours considéré comme un amateur. Présentée au Buncerius Kunst Forum, 25 ans après la précédente exposition dans ce lieu qui lui est consacré, Herbert List. The Magic eye présente 240 tirages qui reviennent de manière thématique sur la diversité de son œuvre. Nous déambulons sur ses traces en commençant par ses premières photos d’amis, de proches, qui dévoilent ses influences surréalistes et montrent déjà les prémices du talent de celui qui deviendra un photographe majeur dans différents styles : portraits, natures mortes, paysages… Images de paysages italiens, de pylônes antiques et de statues grecques se répondent au fil des espaces, visages d’artistes complices, corps entremêlés se succèdent, jusqu’à terminer par des photos plus méconnues de reportages qui confirment la palette artistique et créative du photographe voyageur.

Et pour prolonger le périple dans l’œuvre d’Albert List, le Musée des Arts et Métiers offre deux explorations en profondeur de son travail. Präuscher’s Panopticon présente d’un côté un livre du photographe jamais publié, où se mêlent les clichés pris dans un musée de cire entre scènes de vie, angelots et images anatomique. Trois salles qui nous emmènent dans un univers étrange, tantôt léger, tantôt dérangeant mais qui montre le talent du photographe pour composer une nature morte et trouver l’angle parfait. C’est aussi ce qui se dégage de la deuxième partie de l’exposition dédiée à ses photos de jeunes hommes et de sculptures redécouvertes dans les années 2000 qui montrent le langage visuel et l’imagerie queer que le photographe arrivait à diffuser subtilement dans ses photos, dès les années 40.

Le voyage se poursuit et avant d’arriver à la grande exposition du Hall pour l’Art  contemporain, la maison des arts d’Hambourg nous invite à nous poser, plongés dans l’obscurité. Photofantasma nous emmène en vidéos au milieu des arbres. Dans la première salle, une gigantesque vidéo verticale aux teintes rouges nous invite à survoler les forêts puis à plonger jusqu’à l’intérieur d’un tronc. De l’autre côté, un grand écran, comme en lévitation, se regarde dans les deux sens et nous immerge visuellement et olfactivement dans une forêt, jouant avec les images, les fonds verts pour nous faire découvrir les thématiques et les enjeux de la forêt et de l’industrie du bois.

En ressortant de ce havre, le bruit de la ville se fait d’autant plus vif, mais quelques centaines de mètres plus loin, nous pouvons déjà pénétrer dans PHOXXI, grande salle temporaire faite de containers superposés. Dans ce nouvel espace d’exposition imaginé par la Maison de la photographie pendant ses travaux, se tient une exposition qui se vit en face à face. Les commissaires, questionnant la notion de currency (valeur), ont mis en regard des images captées par Christoph Irrgang du travail intime du transfert des collections du Musée de la photographie et de l’autre des photos glanées de Paris photo, événement bruyant sonore qui rassemble des photographes du monde entier. Les commissaires ont ainsi souhaité confronter le silence, la douceur avec la couleur, la surcharge pour questionner la valeur de la photo.

Juste en face, sous la grandiose Hall for contemporary art, Photography Beyond capture nous permet de terminer ce tour des expositions en beauté. Imaginée par les commissaires Koyo Kouoh, Rasha Salti, Gabriella Beckhurst Feijoo et Oluremi C. Onabanjo, elle rassemble les travaux de 29 artistes internationaux. Koyo Kouoh le précise : « nous n’avons pas voulu mettre en avant les artistes les plus à la mode, les plus en vogue, mais nous avons réunis des photographes de générations et de pays différents dont le travail a un sens aujourd’hui pour raconter ce que peut signifier la photographie. » Message reçu et bien compris puisque c’est une véritable diversité de genre et d’esthétique qui frappe en parcourant cet espace ouvert, composé de thématiques flottantes qui se mêlent et s’entrecoupent et qui parviennent à faire corps. Nous aurons remarqués dans cette dernière exposition, par exemple Temporary Landscapes d’Anne-Marie Filaire, géographies temporaires nées des extractions de terre et de roches pour les JO de Paris, While Night Comes On Gently de Clifford Prince King qui montre que le photographe peut s’assumer en tant qu’élément interne au sujet, au plus proche possible, ou bien encore Sakhawood d’Alexey Vasilyev, qui nous emmène avec douceur et fantaisie dans une région russe reculée devenue depuis des années un lieu de tournage de films singuliers.

Nous terminons ce tour des 12 expositions de la Triennale photographique d’Hambourg avec la joie d’avoir interrogé et éprouvé la valeur de la photographie au travers des travaux de photographes pionniers, de ceux qui tentent d’archiver, de conserver les traces d’époque, mais aussi de ceux qui aujourd’hui se réapproprient ces matériaux pour questionner, avancer et de ceux qui continuent d’expérimenter, de chercher et de faire vivre ce medium.

 

Plus d’informations

8th Triennial of Photography Hamburg 2022 

12 expositions dans Hamburg

Du 20 mai au 18 septembre 2022
Weekend d’ouverture : May 20-22, 2022

Festival Triennial Expanded: June 2-6, 2022
www.phototriennale.de

 

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