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Tendance Floue : Etat des lieux

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Lorsque, en 2007, ma route a croisé celle de Tendance Floue, ils avaient derrière eux un long sillage de bruit, de flash, d’actions, de rires, mais surtout de photographies. Leurs images étaient déjà des fusées éclairantes braquées sur tous les recoins du réel. J’avais alors pressenti qu’il s’inventait là, dans l’urgence, la complicité et parfois la douleur, une des utilisations possibles et surtout pertinente de la photographie. Et j’avais trouvé que cette expérience était bien à sa place, parmi les combats que mène une photographie toujours prête à muter pour ne pas périr sous le brouhaha assourdissant du monde qui disjoncte.

Vue aujourd’hui de l’intérieur, cette aventure photographique singulière, si elle incarne toujours autant l’engagement collectif, pose, au-delà de l’aventure humaine indéniable, la question du devenir et des enjeux de la pratique photographique contemporaine dans le nouveau paysage professionnel du vingt-et-unième siècle. En cela, l’espace dans lequel se meut Tendance Floue est incandescent et dangereux ; il est fait de liberté totale, de conscience aigüe du monde, de remise en question permanente et de don de soi.

Avoir 25 ans donc. Ce n’est pas que la célébration d’un simple anniversaire ou d’un déménagement. C’est aussi, c’est surtout l’occasion de repenser les mesures de ce juste parcours sur les marges, farouche, semé de hasard, de doutes et de beaucoup de nécessité. Expérimenter, se mettre en danger, inventer, y compris les manières de travailler… Rester aux aguets, tenter des échappées, marcher, prendre des voies de traverse… Si nous empruntons parfois la voie des funambules, celle qui repart toujours de zéro, surplombe les gouffres et file des frayeurs à notre entourage ou nos commanditaires, nous restons tendus vers un même point et tirés en avant par notre union et par la force des rencontres fulgurantes. Une utopie ? Sans doute plus. Le mot est devenu suspect dans le cynisme ambiant. Une illusion, un paradoxe anachronique ? Certainement pas non plus. Ce que nous construisons fait sens, s’impose et tient debout contre vents et marasmes. Tout l’opposé d’une stratégie, pourtant. Mais un futur c’est sûr. Et il est tempsque ça se sache.

Ce que nous photographions ? Ce qui se noue puis se déploie dans le questionnement,la révolte, le rêve et l’empathie, nourri d’éclats recomposés du réel et d’énergie mise sur la table. Et où ego s’écrit égaux. Contre toute logique comptable, la machinerie artistique Tendance Floue, déployée aujourd’hui dans toute son envergure et son indépendance, vogue et produit du récit commun et singulier. Une relecture nécessaire du monde en somme.

Allons bon… mes acolytes m’avaient confié cette page pour évoquer l’avenir, nos projets, nos désirs et je parle au présent ! Sans doute est-ce aussi cela que nous appelons vivre la photographie : fouiller, ensemble, dans les plis du présent pour trouver de quoi les images de demain seront faites.

La mer des Sarcasmes menace. Qu’importe. Nos aventures collectives continuent d’advenir : dans un horizon proche, l’une d’entre elles, puissante, ambitieuse, verra le jour et sera coréenne. Son titre : « Korea On / Off ». Son sous-titre : « L’idée tourbillonnaire ». Une sorte de Mad in[1] d’une nouvelle génération, en production depuis bientôt un an et à très haute teneur expérimentale. Nous levons ici le voile sur les toutes premières images – certaines encore embryonnaires – de ceux de nos photographes qui y sont déjà allés. Les autres suivront avant la fin de l’année. Bien des forces vives du collectif sont jetées dans ce nouveau pari déraisonnable et partageux : beaucoup de photographies, des sons, des films, des mots, des liens et des pixels. Nous embarquons avec nous le magnifique typographe Ahn Sang-soo, (lien sur son nom ?) http://indexgrafik.fr/ahn-sang-soo/

rien moins que celui qui secoua de sa torpeur le hangueul, l’alphabet coréen, en le réinventant totalement. Sont aussi du voyage des étudiants (les siens), des musiciens, des développeurs, des poètes, des diplomates, des archives et peut-être même un musée de la photographie.

Et comme les traversées précédentes, il se pourrait bien qu’elle arrive à bon port, déjà très officiellement soutenue qu’elle est par l’Année France-Corée et de nombreux partenaires et ami(e)s fidèles (Olympus France, l’Institut français, Central DUPON Images…).

Nous en reparlerons. Vous viendrez voir.
Nous ne sommes pas seuls.
TWENTY FIVE? HEY, GIVE ME FIVE!

Alain Willaume

[1]Les Mad in : Chine 2007, Inde 2008, France 2009, Sète 2011. À cela s’ajoute d’autres projets collectifs d’envergure comme Nous traversons la violence du monde en 1999, Nous n’irons plus aux paradis en 2002, Nationale Zéroen 2003, 00 h 00 GMT en 2004, Sommes-nous ? en 2006.

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