Rechercher un article

Taryn Simon, A Polite Fiction, à la Fondation Louis Vuitton

Preview

Sous les plaques de plâtre et les couches de ciment de la Fondation Louis Vuitton se trouve un message écrit au feutre indélébile vert : « Oubliez la terre. Elle ne vaut pas le coup… à moins que vous soyez là pour me sauver. »
Dans A Polite Fiction, Taryn Simon cartographie, révèle et consigne les gestes qui furent ensevelis sous les surfaces — ainsi qu’à l’intérieur — de la Fondation lors de ses cinq ans de travaux. L’artiste rassemble les éléments de cette histoire enfouie et se penche sur les forces latentes, sociales, politiques et économiques, prenant le contre-pied du pouvoir et des privilèges.

Quatre cents interventions humaines réalisées jusque dans les cavités du bâtiment par des plaquistes, des échafaudeurs, des ingénieurs, des maçons, des électriciens, des agents de sécurité, des dessinateurs industriels, des mosaïstes, des stagiaires, des responsables et d’autres sont ainsi rapportées dans un compte-rendu systématique et détaillé de découvertes, parmi lesquelles un paquet de Marlboro Lights avec une dernière cigarette laissée là pour plus tard, caché derrière une plaque de plâtre dans un escalier de service ; un article de presse sur l’assassinat de trois activistes politiques kurdes à Paris en 2013, déposé dans le plafond du bureau de direction ; ainsi qu’une bouteille en plastique remplie d’urine, dissimulée derrière les carreaux en céramique des toilettes de l’administration. Ces traces ont désormais été effacées par les façades polies du musée. A Polite Fiction sonde donc l’espace liminaire où les voix sont à la fois tues et préservées.

Cette collection s’intéresse aussi à l’enlèvement ou à la disparition d’objets de la Fondation. Lors de son enquête, Taryn Simon a pénétré un marché invisible, dont elle a acquis et photographié les pièces en provenance du chantier. Au nombre de celles-ci, des câbles en cuivre ou en aluminium vendus à des ferrailleurs ; du ciment utilisé par un père pour construire les murs de la chambre à coucher de sa fille ; et un jeune chêne qu’un ouvrier a transporté en Pologne où il l’a planté et lui a donné le nom de son patron. La possession et la circulation de ces objets en transforment la valeur, tandis qu’ils passent d’employeur à ouvrier pour finalement parvenir à l’artiste.

A Polite Fiction a été expurgé de certains détails géographiques et de l’ensemble des noms propres.
                           

EXPOSITION
A Polite Fiction
de Taryn Simon
Jusqu’en septembre 2015
Fondation Louis Vuitton
8, avenue du Mahatma-Gandhi
Bois de Boulogne – 75116 – Paris

http://www.fondationlouisvuitton.fr
http://tarynsimon.com

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android