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Stephen Mayes par Stéphanie de Rougé

De sa première rencontre avec la photographie à l’ouverture de sa galerie…

Quand il avait dix ans, quelqu’un lui donna un appareil Kodak bon marché et il commença à prendre des photographies « sans vraiment y penser ». Plus tard, au moment d’obtenir son diplôme en psychologie, il réalisa qu’il ne voulait pas être psychologue. Pendant cette période de doute, un ami à lui l’emmena dans une chambre noire et il se rappelle avoir été complètement fasciné par l’image apparaissant sur le papier blanc au révélateur… « C’était ça ! » ajoute-t-il. À partir de là, il se mit à travailler comme photographe en Angleterre pendant 5 ans avant de réaliser qu’il y avait des photographes meilleurs que lui. Ce fut une révélation difficile mais une grande leçon puisque son parcours s’est beaucoup diversifié (curateur, agent et technicien dans la publicité et dans la mode…) et a été jalonné de succès depuis lors. À cette époque, il prit deux résolutions : prendre une photo par jour tous les jours (ce qu’il fait toujours) et ne jamais faire de photographies pour de l’argent pour ne pas avoir à travailler dans le but de séduire un public. Il croit vraiment en cette règle de l’art : l’observation active change la nature de ce qui est observé. Donc faire des images est vraiment devenu un exercice de conscience du monde autour de soi. Presque comme une méditation.

Après avoir arrêté d’être photographe, il a travaillé dans l’univers de la photographie pendant des années : il a commencé comme directeur photo à New ABC, puis est devenu directeur de Network photographers, avant de travailler pour Tony Stone (ancien nom de Getty Images) dans les banques d’images, et Amana/Photonika à Tokyo (où il a travaillé spécifiquement à doter d’une tonalité photographique distinctive et personnelle leur production publicitaire et leurs banques d’images). Il a ensuite été directeur créatif EyeStorm.com (l’une des premières galeries d’art exclusivement en ligne qui cherche à rendre l’art contemporain plus accessible à un ensemble plus large de personnes), puis il est passé dans le monde de la mode, à Art and Commerce, avant de devenir PDG de l’agence et de la galerie VII en 2008.

Il a annoncé il y a quelques jours qu’il « ressentait le besoin de poursuivre de nouveaux projets créatifs qui combineraient son expérience et sa passion dans différents domaines du monde photographique ». Sa démission de l’agence VII sera effective le 30 mai 2013. Stephen a été assez aimable pour m’inviter à boire une tasse de thé pour parler de ses années à VII et de ce qu’il voit dans un futur proche. Cette interview sera publiée dans Le Journal bientôt !

Un souvenir agréable…

Pas vraiment un souvenir mais une admiration pour l’imagination des photographes qui ont renouvelé la possibilité d’expérimenter ces dernières années avec des manières diverses de montrer leurs photographies et de donner une autre ampleur au business avec VII.

Un mauvais souvenir…

Pas vraiment un souvenir non plus, mais une frustration constante de voir autant de potentiel et d’opportunités et de ne pas avoir la capacité d’en faire quelque chose à chaque fois. Stephen explique à quel point il voudrait tirer un bien meilleur profit de cet espace magnifique et organiser plus de shows de grands photographes, des discussions, des séminaires, des ateliers…

Une photographie qui a une importance spéciale dans sa vie…

Souvenir, de la série Springtime in Poland, de Jindrich Marco, en 1947.

Elle illustre l’essence de la photographie : créer de la fiction à partir de la réalité. Pour Stephen, elle a encore plus de force parce qu’elle réunit en un seul cliché les différents styles de la photographie : photojournalisme, portrait, studio, publicité, et même peut-être mode.

Sur le mur de sa chambre…

Un poster d’une publicité pour les jeans GAP.

Une grande image du ciel.

Quel futur pour les photographes…

Stephen croit vraiment que les photographes du futur seront ceux qui sauront comment laisser tomber l’ancien système. Il dit que nous devons arrêter de penser le photographe comme un fournisseur (le photographe prend la photo et la vend à un magazine, ou le magazine dit au photographe ce dont il a besoin). Le nouveau photographe est un éditeur : il choisit son sujet, finance son reportage, sélectionne son public, le construit, l’entretient – il a le contrôle, les options, les opportunités… Stephen dit que nous sommes actuellement dans l’intervalle entre deux systèmes et reconnaît qu’il est très difficile de gagner sa vie avec ses photographies quel que soit votre talent. Il dit que nous manquons probablement d’imagination et que nous rechignons à laisser tomber ce à quoi nous sommes habitués. Il partage avec moi l’exemple couronné de succès du National Geographic et du co-fondateur de VII, John Stanmeyer, qui s’est complètement réinventé durant les derniers mois. Il explique comment John est passé d’une carrière classique de photojournaliste travaillant principalement pour des missions à l’utilisation du nouveau monde des réseaux sociaux pour répandre son message. C’est un photojournaliste vraiment engagé et passionné qui adore partager son expérience sur son blog mais pousse par dessus tout son public à répondre et à agir. Il a une énorme audience désormais et il compte sur ça et sur la sincérité de sa vocation de photographe pour lui ouvrir de nouveaux horizons.

Merci Stephen et tous mes vœux de réussite quoi que vous décidiez finalement de faire !

Stéphanie de Rougé

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