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SF PHOTOFAIRS, promesses tenues

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PHOTOFAIRS, le salon international de la photographie dont la quatrième édition s’est tenue à Shanghai cet automne, a enfin traversé le Pacifique. Le week-end dernier, du 27 au 29 janvier, PHOTOFAIRS San Francisco a ouvert le bal au Fort Mason Festival Pavilion, offrant une vitrine à 34 galeries d’envergure nationale et internationale, représentant 14 nations au total.

« Nous pensons que la Chine offre un fort potentiel d’évolution, car elle est relativement jeune en termes de collections photographiques, et il s’agit d’un marché colossal. À l’inverse, les États-Unis représentent un marché très sophistiqué, qui s’est lentement affiné. Nous avons étudié la situation et il nous est apparu qu’il n’existait pas de manifestation d’envergure internationale sur la côte Ouest. Dès lors, organiser un événement à San Francisco était l’évidence même, » explique Scott Gray, fondateur et directeur de PHOTOFAIRS et de World Photography Organisation.

Pour lui, PHOTOFAIRS San Francisco est destiné à offrir une atmosphère de boutique soignée, proposant aux visiteurs de découvrir un nombre limité de galeries mettant l’accent sur des œuvres que les collectionneurs ne risquent pas d’avoir vues ailleurs.

Sans surprise, on y trouve certains incontournables, comme Ryan McGinley, Edward Burtynsky ou Sebastião Salgado, mais PHOTOFAIRS tient malgré tout ses promesses. Chez Tristan Hoare, les clichés d’Alejandro Guijarro figurant les tableaux noirs de laboratoires de physique quantique constituent autant de fascinantes compositions abstraites. À la Galerie Dumonteil, on découvre la série d’Éric Pillot, In Situ USA, consacrée à la mise en scène d’animaux dans les zoos américains. Et du côté d’Elipsis Projects, les photographies grand format d’Ahmet Ertug immortalisant des chefs-d’œuvre architecturaux imposent leur présence impressionnante.

Elipsis Projects est l’une des quelques galeries pour lesquelles cette exposition constitue une première aux États-Unis, tout comme Rubber Factory, East Wing et Pan-View Gallery. Et les travaux qu’elles présentent sont d’une nouveauté revigorante. Chez East Wing, la série ICONS de Jojakim Cortis et Adrian Sonderegger recrée des clichés emblématiques en miniature, et propose ainsi une réflexion sur l’histoire du médium photographique et sur la nature de la fabrication des images. Chez Rubber Factory, l’écrivain Hannah Schneider et la photographe Kate Stone exposent leur projet, intitulé How We End, constitué de tableaux étranges et aux implications psychologiques nombreuses, qui capturent le moment où un narrateur anonyme comprend qu’une relation s’achève. À l’autre bout de la halle, Rubber Factory met en avant Jordan Sullivan et son travail Night Finds You, une série de ravissantes photographies imprimées sur soies translucides.

Sullivan fait partie des nombreux artistes représentés à PHOTOFAIRS qui sortent délibérément des sentiers battus. Sur le stand de Theme+Projects, on découvre aussi Randy Hayes, un artiste du Mississippi qui peint sur des photocollages, générant des couches de sens complexes et pertinentes. Flowers Gallery expose les compositions de Julie Cockburn, des photographies trouvées agrémentées d’éléments brodés à la main ou d’objets de récupération. Quant au Londonien Robert Currie, il présente chez Bryce Wolkowitz Gallery des sculptures très élaborées fabriquées à partir de photographies, utilisant de la peinture acrylique noire sur des fils de nylon.

Jim Campbell, basé à San Francisco même, a travaillé avec des LED, du matériel électronique et du plexiglas pour son travail Tuileries Garden, qui figure dans l’exposition Insights : New Approaches to Photograpy since 2000 (Aperçus, nouvelles approches de la photographie depuis 2000). Située au centre du bâtiment,  Insights met en lumière des artistes qui utilisent des techniques ancestrales de manière novatrice ou des technologies de pointe pour repousser les limites du médium photographique.

« J’ai voulu montrer, preuves à l’appui, qu’il y a mille et une manières de rendre une photographie unique, spéciale », explique Alexander Montague-Sparey, directeur artistique de PHOTOFAIRS.

L’exposition est composée de deux parties, la première organisée par Alexander Montague-Sparey, la seconde par Allie Haeusslein, qui est le directeur adjoint de Pier 24 Photography. Ce dernier a sélectionné des artistes de la côte Ouest dont les œuvres documentent le paysage ouest-américain. Parmi ceux-ci, les cyanotypes réalisés par Meghann Riepenhoff frappent par leur beauté. Alexander Montague-Sparey quant à lui ne s’est pas limité aux photographes américains ni aux paysages, soucieux de montrer comment les artistes à travers le globe se servent de techniques d’avant-garde pour aborder tout un éventail de thématiques.

« Actuellement, la photographie se penche de plus en plus sur l’exploration du médium. Les gens cherchent de nouvelles manières de produire des œuvres. L’utilisation de l’appareil-photo, de la peinture et de la sculpture simultanément est une tendance qui se reflète sur tout le marché de l’art en ce moment, » constate Alexander Montague-Sparey.

PHOTOFAIRS San Francisco n’est pas uniquement une initiative commerciale, insiste Scott Gray, le but est également pédagogique. Tout au long du week-end, le salon a été le théâtre de conférences par les artistes, de tables rondes et de séances de dédicaces, afin de former la prochaine génération de collectionneurs privés et de passionnés de photographie.

« Ici à San Francisco, nous disposons d’une infrastructure et d’une programmation formidables, dans des endroits comme le San Francisco Museum of Modern Art ou le FOG Design+Art. Avec PHOTOFAIRS, nous pensons compléter et étendre cette offre artistique. » Scott Gray.

Jordan G. Teicher

Jordan G. Teicher est un critique d’art et journaliste américain qui vit à Brooklyn, New York.
 
 

PHOTOFAIRS, San Francisco
27-29 janvier 2017
Fort Mason Festival Pavilion
2 Marina Blvd
San Francisco, CA 94123
USA

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