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S.B. Walker : étude photographique de Walden Pond

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Qu’est-il advenu de l’étang de Walden ? Artiste originaire de la Nouvelle-Angleterre, S.B. Walker a grandi à quelques kilomètres de là. Avec son premier ouvrage, une monographie intitulée Walden, il étudie le paysage lourd de symbolique du géant littéraire qu’était Henry David Thoreau, et cherche des réponses. Thoreau est né il y a deux-cents ans, un anniversaire que marque la publication de ce livre par Kehrer Verlag.

Profondément enraciné dans la conscience collective américaine, l’étang de Walden est un lieu mythique perçu comme sauvage et naturel. On le considère souvent comme le berceau du mouvement écologiste moderne. Le site actuel dépeint dans les photographies de Walker pourrait sans doute s’assimiler à un quelconque parc de banlieue niché quelque part au fond de la métropole tentaculaire de Boston. Notre conscience de l’endroit découle en grande partie de la description exaltée qu’en avait fait Thoreau il y a quelque cent-cinquante ans, avec des écrits qui relient la Nouvelle Angleterre aux paysages arcadiens des Bucoliques de Virgile. Le tableau actuel n’en est que plus troublant et paradoxal.

Pour l’auteur Alan Trachtenberg, qui a écrit un essai pour l’ouvrage de Walker, l’étang de Walden décrit par Thoreau « est un lieu formé d’eaux calmes et cristallines, une étendue bercée par les changements saisonniers naturels, avec la vie qui s’épanouit, meurt et se régénère. Par opposition, les photographies de Walker révèlent qu’il s’est passé quelque chose de terrible dans ce site que nous aimons tant, ce monument dédié à l’idéalisme américain. »

Chez Walker, l’endroit grouille à présent d’habitants et de touristes venus observer les oiseaux, nager, faire la sieste, pêcher ou se promener. Les signes de l’invasion de la vie moderne sont omniprésents : clôtures en fil de fer, chemins défoncés, marquages faits à la tronçonneuse, parkings… On y voit même une décharge, située à trois-cents mètres de la rive, ainsi qu’un bulldozer, paré à déblayer le terrain, pour un projet d’extension de l’autoroute. La dernière image capture les eaux libérées par la fonte des glaces, une scène qui serait sublime – n’était la présence d’un sac plastique flottant au premier plan.

Un halo de mélancolie nimbe les photos de Walker et suggère une sorte d’absence de bien-être. Pour Trachtenberg, « on dirait que Walden a été surpris par le froid, qu’il a gelé si fort que les premiers soins ne suffiront pas à le raviver… En s’appropriant le nom de ‘Walden’ pour son titre, Walker offre à Thoreau, et à travers lui, à toute la tradition du romanticisme américain, un rôle formatif dans son propre livre. Les tableaux du travail extraordinaire de Walker se juxtaposent et se confrontent, dévoilant une vision implacable et désenchantée de ce que l’étang de Walden représentait autrefois pour les Américains qu’il ensorcelait. »

 

 

S.B. Walker, Walden
Publié par Kehrer Verlag
40,00 $ / 35,00 €

www.kehrerverlag.com

 

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