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Roy Kahmann, fondateur et directeur de Haute Photographie: « L’atmosphère doit être calme et agréable »

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Haute Photographie est une foire de photographie construite autour d’une exposition collective de plus de 65 artistes, représentés par 12 galeries internationales. La foire présente les grands maîtres de l’histoire de la photographie et les jeunes d’aujourd’hui. La foire se déroule ce week-end à Rotterdam, aux Pays-Bas. L’Œil de la Photographie s’est entretenu avec son fondateur, Roy Kahmann.

Débutons avec la genèse de Haute Photographie…

Je suis tout d’abord un collectionneur de photographie. J’ai commencé ma collection il y a vingt-cinq ans. En 2001, j’ai ouvert ma galerie et ma première exposition. Quatre ans plus tard, je pensais déjà créer ma propre foire à Amsterdam. Nous voulions d’espace pour montrer les photographes. Et avec six spectacles annuels à la galerie Kahmann, ce n’était pas assez. L’espace était trop petit pour montrer plus de trente photographes.

J’ai donc voulu créer ma foire. Pourquoi? Quand nous avons rejoint les foires existantes en tant que galerie, j’ai pu rencontré des collègues, de nouveaux clients. J’ai vu de très bonnes choses. Et d’autres moins bonnes. Par exemple, beaucoup de foires utilisent la même structure d’architecture, des rangées et rangées de stands carrés et blancs. De plus, je ne pouvais pas montrer tous mes artistes. Je devais louer l’espace et faire une sélection parmi eux. Et même ainsi , l’artiste sélectionné avait un petit espace d’expression. Je me suis dit: « Si je la fais moi-même, je dois me différencier des foires existantes, je dois faire quelque chose de nouveau ».

Mon inspiration était double :

Tout d’abord, en 2014, j’ai vu une superbe exposition à Amsterdam, Rijksmuseum, Modern Times. J’ai aimé l’ambiance là-bas, le parcours, la présentation … Seulement, je ne pouvais acheter aucune œuvre ! J’ai pensé « Pourquoi ne pas créer une foire avec le même parcours qu’un musée ? Le mur présenterait seulement un ou deux photographes ».

Deuxièmement, je n’ai pas trouvé dans les foires existantes de bons stands de nourriture et de boissons. J’ai donc construit une foire où vous pouvez marcher, vous émerveiller entourer de murs remplis d’œuvres inspirantes, avec un verre de vin et de la bonne nourriture à la main, donc en bref, avec une belle et grande atmosphère détendue.

Votre influence en tant que curateur vous a-t-elle aidé pour Haute Photographie ?

Bien sûr, cela m’a inspiré. Vous devez être dans l’expérience. Il ne doit pas y avoir de perturbations, avec des gens qui essaient de vous vendre quelque chose, avec de la musique… L’atmosphère doit être calme et agréable.

Comment fonctionnez-vous ? Les galeries sont-elles forces de proposition ?

Il faut garder en tête les principes de Haute Photographie : la foire est centrée autour d’une exposition de groupe, elle propose une harmonie tout en étant en même temps diversifiée, avec des pièces historiques et plus jeunes talents. Nous voulons mettre en lumière les photographes, mais les galeries font partie intégrante de la foire. Nous travaillons ensemble pour créer la meilleure foire possible, pour avoir une excellente sélection.

Vous accueillez également des maisons d’édition, telles que Benrido ?

Pour moi, Benrido était l’un des meilleurs éditeurs présents à Paris Photo. Ils avaient un livre merveilleux sur Saul Leiter. Je voulais qu’ils nous rejoignent et à ma grande surprise, ils étaient plus qu’heureux de venir. Je crois fermement que nous pouvons construire la foire sur l’amitié, pas seulement sur l’argent. Nous construisons un nouveau type de foire. Quand j’ai mentionné cette idée à Howard Greenberg, alors que la foire n’était qu’un seul embryon, il m’a répondu : « c’est une initiative que le monde de l’art attendait ».

Les galeries seraient-elles fatiguées par les foires traditionnelles ?

L’idée que les galeries se concurrencent se désagrège lentement. Je pense que Haute Photographie montre un chemin à suivre : la coopération. J’ai remarqué une chose, toutes les galeries participantes sont prêtes à partager leurs artistes, leurs clients, leurs œuvres, leurs idées. C’est pourquoi ce sont de belles galeries !

Pourquoi était-il important d’avoir la foire pendant la semaine Art Rotterdam?

Je voulais tout d’abord créer Haute Photographie à Amsterdam. Mais il existe déjà de bonnes foires à Amsterdam, comme Unseen. Qui plus est, il est important d’avoir un bon environnement de clients. Si vous n’avez pas les bons clients, les galeries et les photographes ne sont pas heureux. En rejoignant Art Rotterdam Week, nous savions que des collectionneurs nationaux et internationaux viendraient. Art Rotterdam, la foire développée par Rotterdam Week attire beaucoup de visiteurs. Enfin, il n’y avait pas encore de foire de photographie pendant cette semaine. Il y avait pourtant une demande. La première édition de Haute fut donc un test pour vérifier si nous avions eu la bonne intuition. Le taux de participation et les ventes nous ont donnés raison.

La ville a également une grande scène artistique émergente.

Rotterdam a le Nederlands Fotomuseum, le Kunsthal, le Boijmans Van Beuningen. Il y a énormément d’art à voir à Rotterdam. Par ailleurs, la ville connaît actuellement une nouvelle et jeune scène émergente. Rotterdam est comme New York ou Amsterdam, il y a là la même atmosphère. Il y a beaucoup à découvrir.

Un mot sur votre programme public en collaboration avec le Nederlands Fotomuseum. Quelle est sa ligne directrice?

Nous voulons penser la photographie en profondeur en associant les photographes à ce programme. Nous faisons des ateliers, des conférences, des lectures d’artistes. Nous voulons que les gens soient mieux informés sur la photographie. Non seulement ils peuvent sentir à quel point une image est belle, mais ils ont besoin de savoir comment, pourquoi, quand cette image a été faite, quelle est son histoire. C’est ainsi qu’une photographie devient plus qu’une simple image.

L’année dernière, il y avait jusqu’à deux ou trois événements par jour. Nous essayons de mettre en lumière les jeunes talents. Dans les foires traditionnelles, un stand coûte 20 000 à 40 000 euros par stand, vous ne pouvez donc pas vous permettre de montrer de jeunes talents. Ici, vous pouvez !

Quel sera le futur de Haute Photographie ?

La colonne vertébrale de la foire repose sur sa présentation muséale, entre photographie classique, moderne, contemporaine et jeune. En plus de cela, nous avons notre programme public. Nous devons nous en tenir à cet ADN, grandir et continuer à amener les plus grands artistes et galeries. Mais nous pensons également notre expansion. Cette année, nous ferons équipe avec le Fotografiska à Stockholm pour présenter Haute Photographie Stockholm. L’idée reste toutefois la même.

Pour conclure, quels sont les artistes que vous êtes heureux de montrer cette année à Haute Photographie ?

De la galerie Kahmann, nous présenterons Bastiaan Woudt. Il est néerlandais, il est l’un des plus grands talents que nous ayons. En 2016, le British Journal of Photography l’a nommé l’un des talents à suivres (Ones to Watch)

Parmi les autres galeries, le suisse Douglas Mandry (Bildhalle, Zurich) est un grand photographe ! À noter également, Inka & Niclas de la Finlande et de la Suède, représentés par Dorothée Nilsson Gallery à Berlin. Ils nous ont rejoints l’année dernière, tous leurs travaux étaient intéressants ! Ils viennent cette année avec de nouveaux travaux.

Propos recueillis par Arthur Dayras

 

Haute Photographie
du 8 au 11 février
Wilhelminakade 326
3072 AR Rotterdam
Pays Bas

http://www.haute-photographie.com/

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