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Robert Leslie –10.000 miles in America

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Lors de ma première visite en Amérique du Nord dans les années 60, j’eus l’occasion d’expérimenter un certain nombre de choses totalement étrangères au monde que je connaissais, le nord de l’Angleterre. L’espace, la lumière, l’immensité des terres et l’enthousiasme des habitants laissèrent une marque indélébile dans mon subconscient. Après quinze années passés à documenter les vestiges de la gloire passée des grandes cultures européennes, j’ai commencé à m’intéresser aux nouvelles puissances pointant à l’horizon ; l’Inde, le Brésil et la Chine. En 2007 et en 2008, je fis trois voyages dans ce dernier pays au cours desquels je pus me rendre compte de la portée des investissements structurels réalisés par le reste du monde sur le territoire chinois.
Avec l’arrivée de Barack Obama, j’étais prêt à retourner aux États-Unis, espérant retrouver une part de cette nostalgie de mon enfance.
Ce que je découvris oscilla entre le surprenant et le choquant. La plus grande puissance mondiale était maintenant plongée dans une guerre économique de son propre fait, où les décisions prises par un tout petit nombre affectait rapidement les vies de la majorité. Le jour où Barack Obama entra à la Maison Blanche en janvier 2009, je choisis de commencer mon périple depuis la pointe sud de la Floride, en suivant la côte du Golf, à travers le Texas pour rejoindre l’ouest de l’Arizona et la Californie. Cette région, connue sous le nom de Sun Belt (« ceinture du soleil »), a longtemps été décrite comme le havre à venir du développement des États-Unis… pour l’agriculture, l’immigration, l’immobilier et le domaine militaire. Avec le déclin de la Rust Belt (« ceinture de rouille ») au nord, le sud devait représenter le futur du pays.

Le Sud était également la région traditionnellement la plus affectée par les variations saisonnières et les phénomènes climatiques extrêmes. Les ouragans Katrina, Ike et Gustav avaient laissé leur marque et la sécheresse qui ravageait le Texas faisait planer la menace d’importants feux de forêt.
Il m’est apparu que les états de la partie sud des Etats-Unis se distinguaient non plus de par leur ensoleillement mais de par la crise qui les traversait ; la « ceinture de soleil » était devenue une succession d’ « états de tempête ».
La crise économique et les catastrophes environnementales résultaient fréquemment en une même image, celle de maisons abandonnées et détruites, et de lambeaux d’un rêve américain devenu, sur les plages et les champs, une peau de chagrin.

J’aurais été encouragé au début de ce voyage par le photographe Christopher Morris (il venait de saisir l’investiture du président Obama cette même semaine) et, à la fin de ce périple, par Edward Burtynsky. Autrement, la première personne à voir ce travail a été Bruce Davidson en 2009. Lui-même et, au cours de cet été, Simon Norfolk, insistèrent pour que le projet devienne un livre sur l’état actuel des Etats-Unis. Une année après l’achèvement du premier voyage, Burtynsky m’a invité à discuter des images dans son studio. Il s’est rappelé la conversation que nous avions eue à Los Angeles une année plus tôt, que j’avais alors parlé des manifestations choquantes des désastres environnementaux dans la région… ce qui l’avait intéressé.

En 2011, j’étais curieux de re-visiter la région pour voir quels changements avaient pu s’y produire après l’élection Obama. Une réunion avec le directeur d’Aperture, Chris Boot, m’a poussée à reprendre ce voyage. Cette fois, j’allais enregistrer mes conversations avec les personnes que j’allais rencontrer, des moments et des rencontres et, de plus, introduire la vidéo dans le projet. Ces séquences allaient développer les thèmes du premier voyage accompli 2009.

L’intégration d’éléments multi-media dans un livre électronique étant désormais possible, les éléments audio et vidéo sont devenus partie intégrante du projet.
Après avoir parcouru ces 16 000 kilomètres, il me reste l’impression d’avoir rencontré des personnes résolues à espérer de beaux lendemains sans avoir conscience que ce sont leurs actes et leurs choix qui ont précipité les états de tempêtes financière et écologique qui, de plus en plus, menaceront leur avenir.

Robert Leslie – Biographie
Né à Leeds, dans le Yorkshire, en Angleterre, Robert Leslie passe son adolescence au Canada. Il revient en Europe peu après ses vingt ans, pour exercer les activités de musicien, compositeur, et ingénieur du son. Après son installation à Paris en 1990, il découvre le monde de la photographie. Il travaille à la fois pour la presse (Connaissance des Arts, MuseArt et Vogue), les média (Gedon France, Real World Records) et comme photographe de concert (Peter Gabriel, Robert Wilson, Robert Lepage). En 1997, il est le première compositeur chargé par les musées nationaux de créer une installation sonore pour l’exposition « Vers l’âge d’airain » du Musée Rodin, travaillant à cette occasion avec l’architecte chevalier de la Légion d’Honneur, Bruno Moinard. Durant la dernière décennie, Leslie est devenu le photographe principal de l’organisation   http://ted.com et il documente les plus grands photographes du monde entier avec son projet (présenté à Paris Photo en 2008)  http://www.1000portraits.net.

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