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Reims 2012, Jérôme Thirriot

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Jérôme Thirriot : Tat Tvam Asi (1)

Jérôme Thirriot est toujours revenu en Inde comme dans sa famille d’adoption. Initié à sa culture dès l’âge de vingt ans par l’apprentissage des tablas et du Raga traditionnel, il en a connu la spiritualité sans en ignorer la dureté quotidienne, en a éprouvé le souffle qui élève tout comme la rigidité d’une conception de l’homme qui rive celui-ci à une place sociale prédéterminée.
C’est sans doute parce qu’il était si imprégné de la pensée, des croyances, des pratiques de l’Inde que Jérôme Thirriot a pu en donner cette vision complexe : à la fois détachée, légère et fugitive comme une buée, en même temps que marquée par la conscience aiguë qu’un ordre profond est à l’oeuvre derrière les aléas du réel et que la photographie est peut-être l’un des moyens d’y accéder. Aussi, sa curiosité était-elle insatiable comme celle d’un enfant. Un visage entraperçu dans l’encadrement d’une porte, un geste capté au sortir de l’ombre, un objet abandonné lui étaient ravissement aussi bien que source de méditation. Et il savait, spontanément, nous transmettre l’un et l’autre. Attentif à l’impromptu, aux faits les plus ténus, il n’en évitait pas moins l’anecdotique ou le narratif dans ses images.
Si chacune d’elle a la fraîcheur d’un émerveillement – miraculeusement toujours renouvelé -, elle est aussi le résultat d’une rigoureuse composition. Du jeu des masses et des lignes, du rôle actif du vide naît une harmonie dans laquelle tout fait signe pour qui a su renoncer à en cerner toujours une signification unique.
C’est peut-être à force d’être pleinement là, au bord du Gange, dans la présence et le silence de l’instant, en complicité avec sa compagne, ses deux Leica en bandoulière sous son gilet, que Jérôme Thirriot a appris cet abandon du vouloir, cette disponibilité qui lui permettaient d’être au plus près de l’émotion face au spectacle du monde indien et de le tenir à distance suffisante pour en révéler, non la clé, mais l’énigme elle-même.
Jean-Christian Fleury

(1) Trad. « Cela c’est toi »

Maison du Département
rue Carnot
du 14 avril au 11 mai
du lundi au vendredi de 8 h 30 à 12 h et de 13 h 30 à 17 h 30
entrée libre

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