Rechercher un article

Reims 2012, Jean-Dominique Burton

Preview

Jean-Dominique Burton : L’Allée des rois

Jean-Dominique Burton photographie parce qu’il est voyageur et non l’inverse. L’humain est son sujet unique de même que le portrait est le seul genre qu’il pratique, quoi qu’il photographie. C’est parce qu’il a voulu garder trace de ses rencontres qu’il a entrepris un périple de six mille kilomètres au Burkina Faso afin de réaliser les portraits des différents rois et chefs influents qui se trouvent à la tête des Mossi, des Lobi, des Peuls, des Bobos et de bien d’autres ethnies.
Ces rois continuent à jouir d’une autorité locale certaine. Courtisés par les pouvoirs centraux des anciens empires africains puis par les autorités coloniales, ils sont aujourd’hui sollicités par les gouvernements qui voient en eux des relais utiles auprès des populations. Objet d’un grand respect, un roi, au Burkina Faso, mène auprès de ses sujets une vie matérielle généralement fort modeste. Son palais se distingue à peine des habitations en banco qui l’entourent, il tient conseil avec ses ministres assis sous un arbre, à des places soigneusement hiérarchisées mais invisibles au profane, qui ne remarque que quelques pierres disposées en cercle. Un protocole complexe régit sa vie quotidienne et ses relations mais il ne doit le respect qu’il inspire qu’à son autorité personnelle, sa sagesse et son équité.
Ce sont ces qualités, cette modestie de la vie matérielle que Jean- Dominique Burton a su traduire dans ses portraits. Loin des images faciles de potentats vaniteux et ridicules que l’on a parfois données d’eux, il révèle la personnalité complexe de chacun, sans complaisance mais avec empathie. Pénétrés de leur responsabilité, plus que de leur importance, ces personnages s’offrent à l’objectif après qu’une relation de confiance et d’équilibre s’est établie. L’installation du petit studio ambulant et de l’appareil sur son pied, le rituel de la prise de vue constituent un cérémonial qui répond au protocole exigé par toute rencontre avec un monarque. Le photographe et son modèle se trouvent ainsi mis, sinon sur un pied d’égalité, du moins en situation de connivence et d’estime mutuelle.
En photographiant ces rois en noir et blanc et devant un fond neutre, Jean- Dominique Burton relativise l’aspect documentaire, ethnographique ou exotique de son travail pour se concentrer sur l’être-roi de chacun de ses modèles, sur son rapport à sa fonction, à son pouvoir. Un jour, Jean-Dominique Burton est allé solliciter un roi sénoufo qui n’avait pas la réputation d’être d’un abord facile. Le roi demanda à le regarder dans les yeux pendant vingt minutes pour savoir si son âme était suffisamment pure pour qu’il puisse le photographier. Apparemment, l’examen fut concluant…
Jean-Christian Fleury

Cryptoportique
place du Forum
du 15 avril au 31 mai
du mardi au dimanche de 14 h à 18 h
fermeture exceptionnelle le 21 mai
entrée libre

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android