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quand les fleurs nous sauvent : Jean-Pierre Sudre : natures immarcescibles

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Natures Mortes 1948-1960 par Jean-Pierre Sudre

Ayant décidé en 1948 de devenir Photographe, l’occasion se présente soudainement de réaliser mes premières images par l’annonce de la destruction prochaine des bois de ma jeunesse.
Comme pour des portraits de famille, qui immortalisent les êtres chers, ma démarche espérait garder pour toujours ce que ma mémoire avait laissé échapper en bouffées d’humus, bruissements de feuilles et clairs-obscurs.
A l’aide de ma chambre en noyer 13x18cm. des Frères Lorillon, et des plaques Guilleminot me voilà donc sur une vieille bécane de famille parcourant allées et sous-bois à la recherche de mes émotions d’antan.
Cette merveilleuse possibilité d’expression que m’apportait la Photographie, son pouvoir unique de tout capter avec une diabolique précision me suggérait alors de l’introduire silencieusement et parallèlement dans un monde que j’affectionnais vraiment, celui des objets afin d’élucider leurs silencieuses présences.
Par rapport au monde végétal ou la Nature a tout préparé pour vous – que ça vous plaise ou non – le genre de la Nature Morte que je désirais aborder paraissait bien excitant par la liberté de tout inventer et d’être pour chaque élément de la composition son propre Metteur en Scène ; mais en contrepartie quelle infernale difficulté pour trouver la bonne place du principal objet.
Par d’innombrables essais, j’avais décidé de n’accepter que la lumière du jour, la Seule qui mettait en vibration le moindre objet faisait illuminer les ombres et étinceler les reflets.
Hélas, celle qui venait de ma fenêtre laissait l’aiguille de ma cellule totalement indifférente à la moindre mesure…
Généralement vingt minutes de pose s’avéraient un minimum pour enregistrer le maximum de valeurs, celles qui font – par la suite – « chanter les gris » et enrichir les noirs et les blancs.
Et durant ce temps, j’avais l’immense avantage de participer à la magie de l’enregistrement photographique sur l’émulsion de la plaque 13x18cm…
Je devenais alors le spectateur aveugle de la transfiguration de toute ma mise en scène en image latente qui se formait petit à petit, accumulant ainsi dans des millions de cristaux sensibles, mes pensées et émotions les plus intimes du moment…

Jean-Pierre Sudre, Lacoste juin 1990

 

 Souvenirs d’enfance par Fanny Sudre-Bernard

J’ai 6 ou 7 ans, nous habitons à Paris, et je me souviens que mon père m’emmenait découvrir les natures mortes des primitifs flamands au Musée du Louvre, assez désert à cette époque.
Il aimait voir et revoir ces « Vies silencieuses » comme il les nommait.
Les jeux de lumières et la disposition des objets dans ces œuvres remarquables qui le nourrissaient pour ses créations futures.
D’autres dimanches ou petites vacances nous partons en famille dans les bois de sa jeunesse proche de Paris pour découvrir de petites choses de la nature, pommes de pin, petites feuilles, fleurs, ou bien sur les plages normandes à chercher des coquillages à marée basse, ces petits riens qu’il magnifiait ensuite en image.
Dans notre appartement parisien, certains jours en rentrant de l’école, mon frère Dominique et moi ne pouvions pas entrer dans la salle manger, mon père travaillait et cela pouvait durer plusieurs jours, il fallait surtout ne toucher à rien.
Il installait sur la table en bois, ces récoltes dominicales ou des objets de la maison, les déplaçait afin d’obtenir ce qu’il désirait, nous attendions également et prenions nos repas sur la table de la cuisine.
En Provence, il créé, avec délicatesse et poésie, des images alliant ses matériographies et les végétaux qu’il cueillait autour de sa maison.

Fanny Sudre-Bernard

 

Jean-Pierre Sudre : natures immarcescibles
9 au 26 juin 2022
quand les fleurs nous sauvent
5 rue Jacques Callot
Paris VI
https://www.quandlesfleursnoussauvent.com/

11h à 19h tous les jours sauf lundi

 

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