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Possession immédiate, Volume IV

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La revue culturelle Possession immédiate vient de sortir son quatrième numéro. Entre le livre et le magazine, Possession immédiate est une édition indépendante née en 2014. Son rédacteur en chef, John Jefferson Selve, est l’ancien co-fondateur de la revue érotique Edwarda. Il nous présente son dernier volume avec cet éditorial.

J’ai un ami capable de synesthésie : il associe des couleurs aux signes qu’il perçoit, et ces signes peuvent se modifier avec le temps ; toutefois, les couleurs demeurent souvent les mêmes. Elles sont la trace profonde de ces étranges associations. Elles sont la matière dure et le symbole à percevoir. Envisagé ainsi, ce quatrième numéro de Possession immédiate est bleu nuit, rouge et noir. Tricolore. Réel, symbolique et d’une certaine façon, imaginaire. Ce « rouge et noir » teinté d’anarchie manque en France. On fait semblant de ne pas le voir tant on s’acharne à faire glisser le sens des mots et des images vers la plus grande pauvreté de pensée.
Aujourd’hui, un dirigeant d’une grande entreprise malmené par ses employés se transforme en un événement au lexique quasi terroriste pour éviter de le qualifier de « politique ». Du côté éditorial, la rentrée littéraire n’a plus pour fonction que de recycler trois ou quatre livres plutôt ironiques ou sentimentaux, au point que même les journalistes n’osent plus prononcer le mot « littérature ».
La peur de déplaire est un fléau.
Ça s’entend tous les jours. Le langage paraît souffrir à la fois de boulimie et d’anorexie. Il tourne à vide dans le brouhaha médiatique. Une sorte d’injonction aveugle pousse à combler ce vide à n’importe quel prix. « Soyons positifs », nous chante la ritournelle. C’est-à-dire : « Soumettez-vous. » Surtout ne pas faire trop de bruit et prononcer les bonnes paroles. Posséder aujourd’hui un avis un tant soit peu critique ou pessimiste – dans une soirée, par exemple – s’apparente à un crime de lèse-majesté : « Pense vite et bien, puis reprend une ligne », nous dit encore la ritournelle de notre temps.
C’est notre liberté d’affronter cet air-là et c’est peut-être au fond, par ce réveil, cette affirmation, qu’apparaîtra la plus grande joie.
Alors qu’est-ce qu’être libre aujourd’hui ? Cette question dessine de nombreuses topographies.
Elle perce des brèches, elle ouvre à des sensations, elle s’empare du langage. Je salue ici tous les contributeurs qui se sont penchés sur ce sujet difficile parce que sans limite.
J. Jefferson Selve

INFORMATIONS
Possession immédiate
Volume IV
10€
http://possession-immediate.com

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